Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Discret par nature, Kawhi Leonard n’a jamais été un adepte des longues déclarations. Pourtant, ses récentes réponses lors du media day des Los Angeles Clippers ont attiré l’attention, non pas pour leur clarté mais pour leur opacité. Interrogé sur le contrat d’endossement de 28 millions de dollars signé avec Aspiration, une société désormais en faillite, Leonard a minimisé la polémique et rejeté toute accusation de manquement.
Le double champion NBA a assuré qu’il n’accordait que peu d’importance aux titres dans la presse et qu’il n’avait rien à se reprocher, tout comme son organisation. Une posture qui n’a pas convaincu tout le monde, surtout face aux accusations de contournement du salary cap dont les Clippers font désormais l’objet. Pour certains observateurs, les explications de Leonard laissent davantage de questions que de réponses.
C’est notamment le cas de David Sampson, ancien dirigeant de MLB devenu consultant, qui n’a pas mâché ses mots. « Kawhi ment, et ce n’est même pas une question. Les joueurs connaissent chaque dollar de leurs contrats. Quand vous signez pour 28 millions, vous savez exactement ce que vous touchez et pourquoi. Ce n’est pas crédible de dire qu’il ne se souvient pas », a-t-il déclaré dans son émission, estimant que le joueur avait sciemment minimisé son implication dans l’affaire.
Un contrat opaque au cœur de la polémique
Le deal entre Leonard et Aspiration prévoyait 28 millions de dollars sur quatre ans à partir de 2022, en plus de 20 millions en actions. Le tout sur fond d’investissement massif de Steve Ballmer, propriétaire des Clippers, qui avait injecté 50 millions de dollars dans la société. Lorsque l’entreprise a déposé le bilan en mars 2025, Leonard est apparu dans les documents comme créancier via sa structure KL2 Aspire LLC, affirmant ne pas avoir été payé en totalité.
Face aux questions sur les services réellement rendus dans le cadre de ce contrat, Leonard s’est montré évasif. Il a affirmé avoir respecté ses obligations tout en expliquant que la faillite de l’entreprise relevait d’une fraude indépendante de lui. Ses réponses, parfois floues, ont cependant éveillé les soupçons d’irrégularités, notamment lorsqu’il a semblé hésiter sur les montants exacts et les actions effectuées.
Pour Sampson et d’autres voix critiques, l’idée qu’un joueur aussi méticuleux puisse « oublier » les détails de son plus gros contrat publicitaire est tout simplement impensable. Ils soulignent que ce partenariat était non seulement majeur sur le plan financier, mais également intimement lié à la franchise et à son propriétaire. Dans ce contexte, la défense de Leonard paraît fragile.
Les Clippers, déjà en quête d’une légitimité plus grande à Los Angeles, se retrouvent désormais au centre d’une enquête fédérale sur une possible fraude au salary cap. Alors que leur fenêtre de tir pour viser le titre se réduit, cette affaire tombe au plus mauvais moment. L’ombre d’un scandale pourrait bien ternir les ambitions sportives de l’équipe.