Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Depuis plusieurs semaines, la NBA est secouée par une affaire aussi improbable que dérangeante. Kawhi Leonard et les Los Angeles Clippers se retrouvent au centre d’un scandale lié à un prétendu contournement du salary cap via un contrat de sponsoring douteux. L’enquête suit son cours, mais les révélations se multiplient et la pression s’intensifie autour de la franchise californienne.
C’est le journaliste Pablo Torre, dans son émission Pablo Torre Finds Out, qui a mis le feu aux poudres en dévoilant des documents accusant les Clippers d’avoir utilisé le partenariat entre Leonard et l’entreprise Aspiration — spécialisée dans la plantation d’arbres — pour dissimuler des versements illégaux. Depuis, chaque nouvel élément apporté renforce les soupçons d’un stratagème financier orchestré pour contourner les règles imposées par la ligue. Si les accusations s’avéraient fondées, les conséquences pourraient être lourdes, aussi bien pour Kawhi Leonard que pour le propriétaire Steve Ballmer.
Interrogé sur le sujet par la chaîne YouTube VladTV, Gilbert Arenas s’est montré sceptique quant à la possibilité d’une sanction exemplaire. « Soyons honnêtes. Vous croyez vraiment qu’il est le seul coupable ? Dans un système où des milliardaires sont limités dans ce qu’ils peuvent dépenser, ils trouvent toujours un moyen de contourner les règles », a-t-il lancé, avant de poursuivre en soulignant que « le commissaire travaille pour les propriétaires, donc combien d’entre eux seraient aussi coupables ? » Une déclaration qui illustre bien la méfiance ambiante quant à la transparence des instances de la ligue.
Une affaire qui interroge la crédibilité du système NBA
Les propos d’Arenas soulèvent une question de fond : la NBA a-t-elle réellement la volonté de sanctionner ses plus puissants acteurs ? Dans l’histoire récente, la ligue n’a pourtant pas hésité à sévir, comme en témoigne l’éviction de Donald Sterling après la diffusion de ses propos racistes. Mais ici, il ne s’agit plus de morale, plutôt de pouvoir économique, et la ligne de conduite pourrait s’avérer bien différente.
Si les Clippers ont effectivement contourné le salary cap, ils auraient ainsi faussé l’équilibre compétitif entre franchises. D’autres équipes comme Toronto ou les Lakers, également sur le dossier Leonard à l’époque, pourraient légitimement se sentir flouées. Les règles existent pour préserver une certaine équité, et ne pas les appliquer reviendrait à les rendre totalement symboliques. C’est précisément ce que redoutent de nombreux observateurs.
Arenas estime que les autres propriétaires préféreront sans doute étouffer l’affaire, craignant que leurs propres pratiques soient mises en lumière. Une hypothèse qui paraît plausible, mais qui, si elle se confirmait, mettrait gravement en péril la crédibilité du commissaire Adam Silver. Ce dernier, censé défendre l’intérêt collectif des 30 propriétaires, ne peut se permettre de fermer les yeux sur des irrégularités aussi flagrantes.
L’affaire Leonard-Ballmer illustre les tensions entre pouvoir financier et éthique sportive. Si les preuves accumulées par Pablo Torre s’avèrent aussi solides qu’elles le semblent, Adam Silver devra trancher. Le scandale a pris une telle ampleur qu’il paraît impossible de le balayer sous le tapis. Cette fois, la NBA n’aura pas le luxe du silence : il lui faudra choisir entre préserver son image ou protéger ses élites.