Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Il y a maintenant plusieurs années que Jean Reno a choisi de tourner une page importante de sa vie. Figure emblématique du cinéma français, l’acteur s’est en effet installé aux États-Unis, loin de l’Hexagone où il a pourtant connu ses plus grands succès. Mais s’il garde un attachement certain pour son pays natal, il ne s’en cache pas : il ne s’y reconnaît plus vraiment, et le dit sans détour.
Nom incontournable du cinéma tricolore, Jean Reno a réussi l’exploit de devenir l’un des rares acteurs français à s’imposer durablement à Hollywood. Aujourd’hui, c’est à New York qu’il a posé ses valises, une ville qu’il chérit pour son énergie et sa diversité. Comme il l’a expliqué à Paris Match, ce choix s’est fait naturellement, pour des raisons à la fois personnelles et affectives :
« Pourquoi New York ? Parce que c’est là que j’ai rencontré Zofia (avec qui il a deux enfants : Cielo né en 2009, et Dean né en 2011, ndlr). Donc on est restés ici, sans se poser de questions. On a beaucoup d’amis ici. »
L’acteur vit désormais entouré d’un cercle proche, où se mêlent Français expatriés et figures du cinéma américain.
« Mais il y a des gens avec lesquels je m’entends bien. Des Français, comme Marc Lévy (…) et des Américains comme Robert de Niro, qui n’habite pas loin. Lui, c’est une connaissance, que je qualifierais de forte. Je dis qu’il ne faut pas rencontrer ses idoles : on est souvent déçu. Mais Robert fait partie de ces rares légendes qui gagnent à être connues, c’est quelqu’un de très profond. »
S’il se dit pleinement épanoui à New York, Jean Reno ne cache pas son désamour grandissant pour son pays d’origine et sa capitale. Et comme souvent chez lui, les mots sont tranchants :
« New York est une ville facile que je préfère à Los Angeles, où j’ai vécu six mois pendant le tournage de Godzilla. J’y ai beaucoup souffert de la solitude. En Amérique, si vous parlez d’ouvrir un magasin de bonbons, tout le monde trouvera l’idée formidable. En France, on vous regardera comme un fou. »
Plus encore que la mentalité, c’est désormais l’ambiance générale en France qui l’attriste, notamment à Paris, ville dont il s’est peu à peu détaché :
« Parce que j’y vais quand je veux. Quant à Paris, je n’aime plus du tout. C’est devenu confus, chaotique, violent, je n’y suis plus à l’aise, et beaucoup de potes de ma génération pensent pareil. Mais le Sud, c’est formidable. Daniel Auteuil est tout près de chez moi. Didier Flamand est à Arles. »
Jean Reno rejoint ainsi la longue liste de personnalités françaises ayant choisi l’exil ou l’éloignement pour retrouver un cadre de vie plus apaisé. Parmi elles, Michel Sardou, Muriel Robin ou encore François Cluzet ont eux aussi confié leur désenchantement face à l’évolution de Paris.
Exilé volontaire, le comédien semble aujourd’hui parfaitement à sa place entre Manhattan et le Sud de la France, deux univers qui incarnent à leurs manières sa recherche d’équilibre. Et à ceux qui lui demandent si la France lui manque, Jean Reno répond sans détour : non — elle n’est plus celle qu’il a connue, ni celle dans laquelle il souhaite vivre.
