Après le décès de Michel Blanc, la vérité crue de Gérard Jugnot : « Par rapport aux autres du Splendid, il…

France TV (DR) / Canal+ (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Le monde du cinéma français a perdu l’un de ses visages les plus emblématiques avec la disparition de Michel Blanc en 2024. Membre fondateur de la mythique troupe du Splendid, l’acteur et réalisateur laisse derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire de la comédie française. Et s’il formait un collectif unique avec ses acolytes, il aurait été mis à l’écart du prochain projet. C’est en tout cas ce qu’a affirmé Gérard Jugnot.

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Dans une interview accordée à Télé-Loisirs il y a quelques mois, Gérard Jugnot a joué cartes sur table. L’éternel interprète de Clément Mathieu est en effet revenu avec émotion sur la disparition de son ami et complice Michel Blanc, tout en reconnaissant que ce dernier n’avait jamais tout à fait mis le Splendid au même plan que ses camarades. D’ailleurs, l’éventuel projet à venir se serait sûrement fait… sans lui :

« On ne va pas faire un quatrième Bronzés, ça ne rimerait à rien. Même s’il avait été là, il n’aurait pas été certain que Michel vienne avec nous, il avait toujours besoin d’être à distance, il préférait sa carrière personnelle à celle du groupe… Si on avait lancé un nouveau film, je pense que Michel n’aurait pas été dedans.

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Il faudrait qu’il y ait un scénario. J’ai croisé Christian Clavier l’autre jour qui m’a dit qu’il avait peut-être une idée. Mais il faudrait que quelqu’un nous écrive une histoire, on a l’impression qu’on a déjà tout fait. Après, le plaisir de se retrouver est toujours là. J’ai tourné mon nouveau film en tant que réalisateur avec Thierry Lhermitte (voir plus haut, ndlr), le plaisir était immense, on a ri comme des fous. »

Des mots lucides, presque tendres, tant ils reflètent la personnalité de Michel Blanc : talentueux, exigeant, mais souvent en retrait du collectif. Dès les années 1980, il s’était distingué en s’aventurant le premier vers une carrière d’auteur et de réalisateur en solo, remportant notamment un César du meilleur scénario pour Grosse Fatigue. Ce besoin d’indépendance, Jugnot le reconnaît comme une partie intégrante de son identité.

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D’ailleurs, Blanc lui-même n’avait jamais caché cette distance avec le Splendid, qu’il assumait sans amertume. Dans L’info du vrai, il expliquait déjà il y a cinq ans à quel point Les Bronzés 3 avait marqué une rupture pour lui :

« J’ai été un peu traumatisé par les suites. Pour les Bronzés 3, on n’avait pas le choix. On voulait retravailler ensemble, on a essayé d’écrire autre chose, et tout le monde nous disait : « Ce n’est pas ce qu’on te demande ». On était dans une sorte du piège. On a fait au mieux. Les Bronzés 1 et 2 étaient une écriture collégiale, avec des gens qui avaient le même état d’esprit.

Puis chacun a pris sa personnalité petit à petit. Alors quand on revient pour écrire ensemble, on s’aperçoit, sans jugement de valeur, qu’on ne va pas tous dans la même direction. Ça donne un patchwork, et c’était très compliqué. »

Des propos qui prennent aujourd’hui un écho tout particulier. Si Michel Blanc s’était éloigné de la troupe, c’était avant tout pour suivre son propre chemin, fidèle à sa vision du cinéma et à son indépendance artistique. Une différence que Gérard Jugnot ne nie pas, mais qu’il regarde avec respect et tendresse.

Et au-delà des divergences, il reste le souvenir d’un acteur immense, d’un complice d’aventure, et d’un ami dont la singularité aura fait la richesse du Splendid. Comme le résume si bien Jugnot : le plaisir de se retrouver restera toujours intact, même si, désormais, il manquera à jamais une place autour de la table.

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