D’origine algérienne par son père, la phrase incendiaire d’Amel Bent : « Je ne peux pas dire que… »

Amel Bent, désormais franco-algérienne
TF1 (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Chez Amel Bent, la question de l’identité n’a jamais été un thème abstrait. Elle l’a portée, parfois frontalement, parfois douloureusement, et surtout publiquement. Et sur quinze ans, le curseur a clairement bougé : de la colère, à la crispation, puis à une forme d’apaisement. Mais la base, elle, n’a jamais varié : la France, l’Algérie, et ce tiraillement intérieur que seules les personnes “entre deux rives” comprennent vraiment.

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Il n’est pas facile d’avoir plusieurs origines dans un pays aussi fracturé que la France. Et ça, Amel Bent en sait quelque chose. Dès 2008, l’interprète de « Ma philosophie » mettait littéralement le feu aux réseaux en assumant un ressenti brut, sans chichi, qui avait choqué une partie du pays et avait créé la polémique. À l’époque, elle avait en effet déclaré :

« Je suis fière d’être Algérienne, fière d’être la fille de ma mère (d’origine marocaine, ndlr), mais je ne peux pas dire encore que je suis fière d’être Française. Aujourd’hui, je ne peux pas brandir un drapeau bleu blanc rouge au cours de mes concerts, c’est plus facile de lever le drapeau de l’Algérie, alors que je ne connais pas l’Algérie. »

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La polémique avait tracé un sillon, au point de voir l’artiste être régulièrement interrogée sur cette sortie lors des années suivante. En 2014, Amel Bent livrait ainsi un propos toujours offensif, mais plus nuancé et invitant à la réflexion :

« Je n’ai pas à prouver à ces gens que j’aime la France. C’est quoi ce débat ? Ma fiscaliste me dit : « Ah ! S’il y avait plus de gens qui payaient leurs impôts avec le sourire comme vous… » Or, il y a des bons Français qui se barrent d’ici pour ne pas payer. Moi, j’aime mon pays, j’aime la France. Avec les concerts, je connais plus de villes, de villages que n’importe qui. Mais, pour certains, si je critique le président, mon président, on va me dire « retourne dans ton pays », que j’aime pas la France, parce que je suis une enfant d’immigrés. C’est triste. »

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Et puis, les années ont encore passé un peu plus. La chanteuse a grandi médiatiquement, personnellement, familialement. Elle est rentrée dans une nouvelle ère : celle de la réconciliation, non pas entre deux pays… mais avec elle-même. Aujourd’hui titulaire — depuis peu — de la nationalité algérienne, qu’elle n’avait ironiquement jamais eu jusqu’ici malgré son sang et son histoire, elle a pris la parole au consulat d’Algérie à Paris durant l’été. Et ses mots en disent long :

« Je n’avais pas la nationalité algérienne et je suis algérienne officiellement depuis quelques mois. Et j’en suis extrêmement fière, même si c’est pas les papiers qui font ni l’amour ni la fierté. Mais aujourd’hui, je suis fière d’avoir mes papiers. Je suis fière d’avoir deux maisons, et d’aller en Algérie et je me sens chez moi. Et ce soir, je me sens chez moi avec vous, entre algériens, entre algériennes »

Voilà qui est dit !

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