NBA – Stephen Curry a-t-il ruiné le jeu actuel ? « C’est la première fois que j’ai…

Stephen Curry en conférence de presse
Golden State Warriors (DR)

Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport

Il arrive parfois qu’un joueur transforme à lui seul la manière dont un sport se pratique. Dans le cas de Stephen Curry, cette révolution s’est faite à coups de tirs à trois points depuis des distances autrefois jugées absurdes. Mais aujourd’hui, même le meneur des Warriors semble mesurer l’ampleur du phénomène qu’il a déclenché, au point d’admettre, avec un brin d’humour, qu’il a peut-être “ruiné le jeu”.

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Depuis plus d’une décennie, Curry a redéfini les standards offensifs de la NBA. Sa précision déconcertante a inspiré toute une génération de jeunes joueurs, convaincus que le tir longue distance est la voie royale vers la gloire. Parmi eux, Trae Young est sans doute le symbole le plus visible de cet héritage. Arrivé à Atlanta avec un style de jeu très proche de celui de son aîné, il a contribué à confirmer cette tendance : le basket moderne se joue désormais loin du cercle.

C’est d’ailleurs en observant Trae Young qu’un déclic s’est produit chez Curry. Invité du podcast Mind the Game, il a confié : « Quand Trae Young est arrivé dans la ligue, c’était la première fois qu’on disait de quelqu’un qu’il jouait un peu comme moi. Même s’il était différent, je le connaissais déjà depuis le lycée. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je vieillissais, et que ces jeunes, qui m’avaient observé, commençaient à reproduire mon jeu. » Une prise de conscience pleine de lucidité, entre fierté et amusement.

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Un jeu transformé, pas détruit

En évoquant le fait d’avoir “ruiné le jeu”, Curry ne parle pas de destruction mais d’évolution. Le tir à trois points est devenu la pierre angulaire du basket moderne, reflet de l’ère des statistiques avancées où chaque possession doit être optimisée. Désormais, les équipes construisent leur identité autour de shooteurs d’élite, d’une circulation de balle rapide et de défenses capables de s’adapter à tout. « C’est peut-être la première fois que j’ai vraiment ressenti l’impact que j’ai eu », a-t-il ajouté dans le même entretien.



Cette évolution a pourtant ses détracteurs. Certains nostalgiques regrettent une époque où les intérieurs dominaient, où les styles de jeu variaient davantage selon les équipes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que les tirs à trois points ne représentaient que 8 % des tentatives dans les années 1980, ils en constituent aujourd’hui près de 40 %. Voir une équipe tenter plus de 40 tirs longue distance en une soirée n’a plus rien d’exceptionnel.

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Mais pour Curry, cette uniformisation du jeu n’enlève rien à sa beauté. Au contraire, elle reflète la capacité du basket à évoluer sans cesse. Il voit dans cette mutation une conséquence naturelle de la recherche d’efficacité, et surtout la preuve que son influence dépasse de loin ses statistiques personnelles. Les Damian Lillard, Klay Thompson ou même Anthony Edwards sont tous, d’une manière ou d’une autre, des héritiers de cette philosophie offensive.

Au fond, Stephen Curry n’a pas “ruiné” le jeu. Il l’a fait évoluer, tout en lui donnant une nouvelle dimension. Et si chaque adolescent qui entre dans une salle de sport rêve aujourd’hui de marquer depuis le logo, c’est sans doute la plus belle preuve que l’empreinte du “Chef” sur la NBA est aussi profonde qu’indélébile.

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