Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Figure médiatique du monde économique, Michel-Edouard Leclerc est depuis plusieurs mois partout dans les médias pour alerter, prévenir et, parfois, tirer la sonnette d’alarme. Et tandis que 2026 approche à grands pas, l’homme d’affaires constate une France qui s’appauvrit, une consommation qui devient défensive, et une anxiété générale qui, selon lui, est en train de peser sur tout : le pouvoir d’achat, les choix de consommation, mais aussi la croissance elle-même.
On le sait depuis l’époque Covid : Michel-Edouard Leclerc s’exprime régulièrement dans les médias. Mais cette fois, il évoque non pas un problème conjoncturel ou temporaire, mais un basculement profond des comportements. Selon lui, les Français n’arbitrent plus comme avant : ils repoussent, ils attendent, ils économisent par peur, pas par stratégie. Et pour le roi des hypermarchés, c’est bien le signe d’une société qui s’essouffle et qui n’a plus confiance dans l’avenir économique proche.
Sur le plateau de « Good Morning Business » récemment, il a ainsi tapé du poing sur la table face à l’appauvrissement du pays, tout en critiquant vertement l’incapacité de la classe politique à tirer les salaires vers le haut :
« On sait qu’il y a un problème de pouvoir d’achat. Et notamment pour le million de Français qui s’est rajouté depuis le début des années 2020 à ceux qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Il y a vraiment des Français qui rament. Assez curieusement, on parle beaucoup des charges, des cotisations, des contributions… mais on parle assez peu des salaires et de leur évolution. Il y a l’air d’avoir un front commun pour ne pas parler d’augmentation de salaire ou en tout cas sortir de la trappe à bas salaire. Ça freine la dépense ».
Dans une autre intervention à l’automen, sur France 2 cette fois-ci, le diagnostic de Michel-Edouard Leclerc était encore plus frontal et préoccupant, chiffres à l’appui :
« Les Français sont très anxieux. Ils en donnent les signes. La consommation tient encore la croissance. Mais il y a eu cette claque de l’inflation, plus de 25 % d’inflation sur les produits en trois ans, sur les produits alimentaires, les produits d’entretien… Ça a été pris dans le portefeuille des Français. Il y a presque 10 millions de personnes qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Ils sont donc avides de chercher des promotions, des prix bas, etc. Et le contexte politique actuel, l’illisibilité des effets d’annonce, aussi bien des parlementaires que du gouvernement, accroît cette anxiété. Est-ce qu’il faut acheter une voiture, est-ce qu’il faut reporter, est-ce qu’on va vers l’électrique, est-ce que ça aura une valeur de revente, est-ce qu’il faut refaire le logement ? Il n’y a pas de réponse, il n’y a pas de vision.
Il faut se rendre compte que la moitié des Français, retraités ou salariés, gagnent moins de 1.900 euros par mois. Qu’est-ce qu’on va aller chercher pour leur demander des efforts supplémentaires pour la gestion des comptes publics ? Et même dans nos entreprises, ce n’est pas le comptable qui fait le plan de développement… »
Au final, le tableau est très sombre : une inflation alimentaire qui a transformé les achats de base en poste de dépense anxiogène, un pouvoir d’achat qui ne remonte pas, et un pays sans cap économique clair. À mesure que 2026 approche, Michel-Edouard Leclerc voit l’inquiétude gagner du terrain. Et à l’entendre, le pire n’est pas encore derrière nous : le danger serait désormais que cette anxiété devienne la nouvelle norme dans les foyers français.
