Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Dix ans après une campagne publicitaire restée dans les mémoires, Gad Elmaleh a accepté de revenir sur un épisode marquant de sa carrière : sa collaboration avec la banque LCL. À l’époque, l’humoriste et acteur français avait surpris son public en apparaissant dans une série de spots pour l’établissement bancaire — un choix qui lui a valu une avalanche de critiques… mais un chèque incroyable.
Invité tout récemment dans le podcast « Coloscopies » de Laurent Baffie, Gad Elmaleh a révélé, sans détour, les dessous de la fameuse publicité qu’il a tournée pour Le Crédit Lyonnais, et notamment le montant colossal qu’il avait touché pour y participer. Lorsque Baffie a avancé le chiffre de 600.000 euros, la réponse du comédien n’a laissé place à aucun doute :
« Beaucoup plus. Je l’ai fait pour l’argent. Si j’étais conscient que ça allait abîmer mon image ? Non, je ne l’aurais pas fait sinon. On tourne, on montre le film à tout le monde. Il y a une seule personne qui a dit : ‘Euh… Ça ne va pas, là ?’, c’est ma sœur. Elle dit : ‘Vous allez diffuser ça ?’ Moi, je dis : ‘Ouais, non, bof’. Non, c’est sympa. Le banquier, tout le monde. Et ça sort. Et là, je me prends, mais une rafale, quoi. C’est l’enfer. Plein de gens dans la rue me demandaient pourquoi j’avais fait ça, ou me disaient : ‘Je vous aime énormément, mais je veux comprendre parce que là, j’ai pas compris là’ »
Un aveu de franchise rare de la part de Gad Elmaleh, qui reconnaît aujourd’hui avoir sous-estimé la portée de cette publicité sur sa réputation. Lui qui était alors au sommet de sa popularité, entre spectacles à guichets fermés et succès au cinéma, ne s’attendait pas à une telle volée de critiques.
Déjà en 2015, soit un an après la diffusion de la fameuse campagne, il avait confié à TV Magazine sa vision de cette expérience, tout en assumant pleinement son choix :
« Pour la petite histoire, vu l’augmentation du nombre de clients pour la banque, celle-ci m’a proposé une seconde vague de publicités. J’ai décliné. Il y a celles et ceux qui, de toute façon ne vous aiment pas. Donc même une publicité pour le gruyère, ils y auraient trouvé à redire. Et il y a les autres. Pour eux, la scène c’est sacré. J’ai entendu les critiques, mais j’assume. Je ne vais pas me désolidariser de ce projet que j’ai aimé faire sous prétexte que cela a déplu »
Avec le recul, Gad Elmaleh ne renie rien : il a fait ce choix pour des raisons financières, comme il le dit lui-même, et l’assume pleinement aujourd’hui. Dix ans plus tard, l’artiste affiche une lucidité rafraîchissante sur cette période où il a, malgré lui, bousculé la frontière entre humour populaire et image publique. Un aveu sincère, à la hauteur d’un parcours fait de succès, d’erreurs et d’autodérision.
