Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
À Philadelphie, la patience semble être devenue un mot d’ordre. Malgré un bon début de saison porté par Tyrese Maxey et le rookie VJ Edgecombe, la situation de Joel Embiid continue de susciter débats et inquiétudes. L’ancien MVP, encore gêné par des douleurs au genou, voit son temps de jeu strictement limité par son organisation. Et si cela frustre les fans autant que le joueur lui-même, Reggie Miller estime que c’est la seule voie raisonnable.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 19,7 points, 5,5 rebonds et 3,3 passes décisives de moyenne, mais seulement 23,3 minutes par match. Après deux saisons tronquées (58 matchs cumulés), Embiid veut prouver qu’il peut tenir sur la durée. Problème : son équipe préfère prévenir que guérir. Les 76ers ont déjà laissé leur pivot star au repos à plusieurs reprises, quitte à froisser sa fierté. Une décision difficile, mais que Miller juge indispensable pour assurer la pérennité du joueur et les ambitions collectives.
Invité du Dan Patrick Show, la légende des Pacers a résumé la situation avec franchise : “Je pense que les Sixers sont dans une situation du type ‘quoi que tu fasses, tu es perdant’,” a-t-il expliqué. “Si tu augmentes ses minutes et qu’il se blesse, tout le monde criera au scandale. Et si tu le laisses avec des restrictions, tu as Embiid qui se plaint de ne pas assez jouer.” Une impasse qui illustre bien la complexité du dossier Embiid à Philadelphie.
Une tension permanente entre prudence et ambition
Reggie Miller estime pourtant que les 76ers font le bon choix, même si le Camerounais peine à trouver son rythme. L’organisation se retrouve écartelée entre la volonté de ménager son joueur et celle de rester compétitive. Avec des talents comme Maxey, Edgecombe, Oubre ou encore Quentin Grimes, l’équipe tient bon, mais son plafond reste indissociable de la santé d’Embiid. L’arrivée prochaine de Paul George pourrait renforcer cette dynamique, à condition que le pivot soit encore debout au printemps.
Pour Miller, la solution passe par une montée en puissance progressive. “Après la pause du All-Star Game, il faut augmenter ses minutes d’une à deux par match,” a-t-il suggéré. “D’ici les 25 ou 30 derniers matchs, il atteindra environ 34 ou 35 minutes, ce qui serait idéal. Le but, c’est qu’il soit prêt et en forme pour les playoffs, quand l’intensité grimpe d’un cran.” Une approche patiente mais calculée, qui vise à maximiser la disponibilité du pivot lors des moments cruciaux.
Car au-delà des chiffres, tout le monde sait à quel point Embiid est central dans le système de Philadelphie. Lorsqu’il est en bonne santé, peu de joueurs dans la ligue peuvent rivaliser avec sa combinaison unique de puissance, technique et vision du jeu. Sans lui, les 76ers perdent leur ancre défensive et leur option offensive la plus redoutable.
Reggie Miller le résume avec lucidité : “Je préfère un Embiid présent à 80 % du temps qu’un Embiid blessé en avril.” Une phrase qui résonne comme un avertissement autant qu’un conseil. Pour viser le titre, les Sixers devront accepter la frustration du moment et jouer la carte de la raison. Et si cette patience finissait enfin par payer, Philadelphie tiendrait peut-être la clé d’une saison durablement victorieuse.
