À 75 ans, la catégorie de Français que Gérard Lanvin méprise : « J’emm*rde tous ceux qui…

Gérard Lanvin
Sens Critique (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Gérard Lanvin n’a jamais eu la langue dans sa poche, chacun le sait. C’est d’autant plus vrai sur un sujet aussi épineux que douloureux, auquel l’acteur a été confronté au plus près. Alors ne comptez pas sur lui pour exprimer la moindre empathie ou la moindre affection vis-à-vis de ceux qui balaient cette question d’un revers de main.

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Figure du cinéma français depuis plus de quatre décennies, Gérard Lanvin s’est toujours distingué par son franc-parler et son refus des faux-semblants. Mais derrière le comédien au caractère bien trempé se cache un homme profondément marqué par un épisode traumatique : celui où il a dû tenir la promesse faite à son père mourant de l’aider à partir. Invité de 20h30 le Dimanche en avril 2025, l’acteur avait expliqué sans détour ce moment qui continue de le hanter.

« Mon père a tout fait pour que je sois heureux, c’était un exemple. À la fin de sa vie, il a trouvé un médecin parce qu’il avait peur. Il avait un cancer des poumons et il avait peur de mourir étouffé ou qu’une artère pète. J’ai été dans l’obligation un jour de venir à l’hôpital, et je ne savais pas que ce serait le jour où il déciderait de me dire : « C’est le moment ». Et il me l’a dit dans les yeux. J’ai appelé ce médecin, avec lequel on avait discuté de ce moment. Il est venu et nous a aidés à faire que mon père soit parti dans les circonstances qu’il désirait. »

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Une confession rare, lourde, qui éclaire le regard de l’acteur sur le débat autour de l’euthanasie — débat relancé de manière insistante ces dernières années, notamment par le gouvernement et Emmanuel Macron. Pour Gérard Lanvin, ce n’est plus une discussion théorique, ni un enjeu strictement philosophique ou politique : c’est une réalité vécue dans la chair.

C’est d’ailleurs pour cette raison que l’acteur n’éprouve aucune patience, aucun ménagement pour ceux qui, selon lui, réduisent la fin de vie à un débat abstrait. Il l’a dit avec la franchise tranchante qui le caractérise :

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« Mon père est mort avant ma maman. Ça a été très douloureux parce que j’ai vécu une expérience très particulière. On parle d’euthanasie. Je suis comme le fils Bedos, j’ai tenu ma parole envers mon père. […] C’est très violent, très dur. Ça m’a foutu une maladie terrible parce que j’ai dû tenir ma parole. Je le dis sans honte. Ce débat sur l’euthanasie, j’emmerde tous les gens qui pensent que c’est un débat sans fond. »

Ses propos résument un affrontement de plus en plus fréquent en France : d’un côté, ceux qui voient ces questions comme des sujets éthiques à manier avec prudence ; de l’autre, ceux qui ont traversé la brutalité du réel et qui refusent qu’on minimise la souffrance des familles comme des malades.

Pour Gérard Lanvin, l’euthanasie n’est pas qu’un enjeu sociétal : c’est la dernière marque de respect que l’on peut offrir à un proche, lorsque ce dernier en exprime la volonté. Entre douleur, promesse tenue et colère contre ceux qui parlent à distance, l’acteur rappelle que derrière chaque position publique se cache souvent un vécu intime — et parfois une cicatrice qui ne se refermera jamais vraiment.

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