Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Si Françoise Hardy a connu plusieurs romances, aucune n’a autant marqué sa vie que celle qu’elle a partagée avec Jacques Dutronc. Une relation électrique, passionnée, parfois tourmentée, qui a façonné deux icônes de la chanson française. Mais derrière le mythe, la chanteuse avait un souvenir beaucoup plus terre-à-terre concernant leur toute première nuit : un geste étonnant, un brin goujat, qu’elle révélera bien plus tard. Sans rancune.
Dès que l’on évoque leur histoire, impossible de ne pas revenir sur la construction de ce couple devenu légendaire. Jacques Dutronc et Françoise Hardy ont formé pendant plus de vingt ans l’un des duos les plus fascinants du show-business. Une union marquée par une complémentarité évidente, des tempéraments opposés et une élégance naturelle. Leur rencontre en Corse, lors d’un séjour entre amis, marque le début d’un récit dont elle seule pouvait livrer les détails les plus inattendus.
C’est dans son livre Le désespoir des singes et autres bagatelles que la regrettée Françoise Hardy a levé le voile sur cette soirée fondatrice. Elle y a d’abord décrit le charme dévastateur de Dutronc, loin de son image laconique habituelle, avant que les choses ne basculent :
« Lui qui s’exprime si peu me parla pendant des heures et tout se termina sur l’oreiller, mais mon niveau d’ébriété était tel qu’à mon grand regret je ne me souviens de rien. »
Ce que la chanteuse ignorait alors, c’est que Jacques Dutronc avait prévu un moyen très particulier d’informer ses amis du “succès” de leur rapprochement. Un stratagème un peu potache, qu’elle racontera plus tard avec amusement et surprise :
« Il avait prévu d’agiter un foulard rouge par l’une des fenêtres de la maison pour signifier à ses complices le succès de l’opération. À la place, il avait arboré une chemise de la même couleur. »
Elle n’apprendra cette mise en scène que des années plus tard. Et à ce moment-là, sa réaction oscillait entre choc, recul et compréhension :
« Quand, des années plus tard, on me mit au courant de cette petite conspiration, j’en fus d’abord choquée, jusqu’à ce que je comprenne que, sans elle, il n’aurait pas eu l’audace d’aller à l’assaut de la citadelle imprenable que j’étais sans doute à ses yeux. »
La profondeur de ses mots montre bien l’ambivalence de leur histoire : faite d’écarts, de maladresses, mais aussi d’une affection réelle et d’une admiration jamais démentie. Hardy l’avouait elle-même sans détour :
« Quand j’y repense aujourd’hui (à leur relation, ndlr), je n’ai vraiment aucun ressentiment. J’éprouve comme une gratitude, je lui suis reconnaissante de m’avoir fait vivre des émotions aussi fortes. »
Et lorsque l’on connaît la suite, on comprend que cette première nuit, même entachée d’un geste peu élégant, ne pouvait en réalité annoncer que l’extraordinaire. Jacques Dutronc n’imaginait sûrement pas, en agitant symboliquement ce fameux “foulard”, que la jeune femme face à lui deviendrait la compagne la plus marquante de son existence.
