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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Figure majeure du cinéma français depuis les années 1980, Emmanuelle Béart a longtemps été scrutée, commentée, parfois même disséquée pour son apparence. Au fil du temps, cette exposition permanente lui a laissé des cicatrices — visibles ou non — qu’elle n’a que rarement évoquées publiquement. Mais à 62 ans, l’actrice a choisi la franchise, assumant enfin un sujet qui lui a longtemps pesé : sa chirurgie esthétique.
Avec la réputation d’actrice engagée et entière qui la caractérise, Emmanuelle Béart n’a plus envie de chercher à esquiver lorsqu’elle est interrogée sur son rapport à son image. Dans un métier où la jeunesse est souvent valorisée à outrance, elle a voulu replacer son histoire dans la réalité : celle d’une femme qui a fait des choix, et qui les assume.
Dans Le Monde, elle était ainsi revenue avec honnêteté sur son opération de chirurgie esthétique au niveau de la bouche. Souvent raillée et moquée pour le rendu malheureusement pas optimal, Emmanuelle Béart ne nie pas qu’il s’est agi d’une difficulté à surmonter :
« Pour ce qui est de façonner le visage ou le corps, j’ai fait refaire ma bouche, à l’âge de 27 ans. Ce n’est une énigme pour personne : c’est loupé. (…). J’ai entendu des témoignages de femmes disant que ça leur avait rendu la vie plus jolie, plus facile. Tant mieux. Il y en a d’autres que ça a profondément affectées, et je fais plutôt partie de celles-là ».
Une confession franche, d’autant plus que celle qui a brillé dans « Le temps retrouvé » n’a jamais cherché à se cacher derrière des excuses ou des euphémismes. Elle dit les choses comme elles sont : son intervention a laissé une trace qu’elle aurait aimé éviter. Mais ce n’est pas tout.
Au-delà de cette opération, c’est le regard du public et les jugements constants sur son physique qui l’ont le plus blessée. Sur RTL, elle confiait à cet égard :
« Je montre ma gueule tout le temps. Que les gens la regardent, et puis s’ils pensent vraiment que je suis liftée, botoxée, c’est leur problème, c’est tellement con, c’est tellement faux. Il y a un âge pour tout, pour être choqué par ce que les gens disent de vous, puis il y a un âge où il y a un sourire, heureusement. Ça touche mes enfants plus que moi au final ».
Derrière son franc-parler, on devine la fatigue d’Emmanuelle Béart d’avoir été jugée pendant des décennies, mais aussi la sérénité d’une femme qui a accepté son histoire, ses erreurs et son visage tel qu’il est aujourd’hui. Une parole forte, humaine, loin des faux-semblants — comme l’actrice l’a presque toujours été.
