Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Golden State a de nouveau payé cher son manque de taille, et la défaite face à Portland a ravivé un problème que Steve Kerr ne peut plus éviter. Le coach a admis que son équipe s’était fait dominer physiquement, notamment dans la bataille du rebond. Ce constat brutal a ouvert la porte à d’éventuels changements dans la rotation. Et à l’écouter, ces ajustements pourraient arriver plus vite que prévu.
Depuis plusieurs semaines, les Warriors insistent sur leur style rapide et technique, mais cette identité montre ses limites lorsque l’adversaire impose un rapport de force intérieur. La rencontre face aux Blazers en a été l’illustration parfaite : trop de seconds tirs concédés, trop de possessions données, et un manque flagrant de présence dans la raquette. Kerr sait que ce déséquilibre pèse lourd dans les moments importants. Il évoque désormais ouvertement l’idée de réintroduire davantage de puissance dans son cinq.
C’est après la défaite que Kerr a laissé entendre que des changements pourraient être envisagés, notamment pour renforcer la protection du cercle et le rebond. « Oui, c’est une préoccupation. On a joué avec des lineups assez petits. Avec Draymond en pivot, on pense à remettre Quinton pour gagner en taille, c’est clairement une possibilité. On va regarder ça cette semaine et voir si c’est une direction qu’on doit prendre. » En une phrase, le coach a résumé l’état d’urgence du moment.
Une adaptation stratégique devenue incontournable
Si les Warriors ont bâti une partie de leur légende sur le small-ball, la réalité actuelle de la ligue impose un ajustement. Les adversaires attaquent davantage le rebond offensif, forçant Golden State à subir des séquences trop longues en défense. Kerr dispose pourtant de solutions internes, qu’il s’agisse d’intégrer Al Horford aux côtés de Quinten Post ou de miser sur le profil plus robuste de Trayce Jackson-Davis. Au prix d’un rythme légèrement ralenti, ces options apporteraient enfin la densité qui manque tant.
Ce revers est d’autant plus inquiétant que les Warriors étaient quasiment au complet. Malgré la présence de Curry, Butler, Green, Kuminga et Podziemski, l’équipe a perdu le contrôle du match sur des détails récurrents. Portland a dominé les derniers instants, profitant de chaque ballon libre, de chaque espace laissé dans la peinture et de chaque rebond mal négocié. Ces séquences rappellent une tendance lourde : Golden State n’impose plus sa volonté physique comme autrefois.
Les réactions dans le vestiaire ont montré que la frustration est partagée. Jimmy Butler n’a pas cherché à enjoliver ce qu’il avait vu, résumant la soirée d’un cinglant : « On ne défend personne. » Un constat que Stephen Curry a confirmé, pointant du doigt les difficultés au rebond et les errements défensifs qui ont creusé l’écart dès le début. Le message est clair : l’effort n’était pas suffisant, mais le manque de taille complique tout autant la tâche.
Sur le papier, le classement défensif global reste rassurant, mais les chiffres liés au rebond défensif tirent la sonnette d’alarme. L’équipe se classe dans le bas de la ligue en termes de second-chance points concédés, signe d’un problème structurel. Kerr ne dramatise pas, mais reconnaît que le modèle historique ne suffit plus. Les Warriors doivent évoluer pour ne pas laisser filer des matchs pourtant à leur portée. Et sans un minimum de présence intérieure supplémentaire, les mêmes scénarios risquent de se répéter, même lorsque Curry brille.
