Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Au fil des années, Dany Boon s’est imposé comme l’un des visages les plus populaires du cinéma français. Pourtant, derrière le succès et les records, l’humoriste a longtemps été hanté par un complexe né dans l’enfance. Un complexe directement alimenté par une phrase que lui répétait sa mère, aussi maladroite que marquante. Le récit d’un poids difficile à porter.
Figure incontournable du rire hexagonal, Dany Boon a mis du temps avant de conquérir le public, travaillant sans relâche dans les années 1990 puis 2000 avant d’exploser avec ses spectacles et ses films. Mais si l’acteur et réalisateur originaire d’Armentières affiche aujourd’hui une assurance certaine, il n’en a pas toujours été ainsi.
Plus jeune, le compagnon de Laurence Arné doutait énormément de lui, notamment à cause de son apparence et de ses oreilles décollées, un sujet que sa mère, Danièle Ducatel, abordait avec une franchise parfois douloureuse. C’est dans une conversation avec Mireille Dumas que l’humoriste avait levé le voile sur ce complexe qui l’a longtemps poursuivi. Il expliquait alors :
« Elle m’a mis un élastique quand j’étais gosse, quand j’étais bébé. Elle me le disait tout le temps. Elle m’a créé le complexe de mes oreilles décollées. »
Et une autre phrase, encore plus brutale, revenait régulièrement dans la bouche de sa mère. L’artiste l’avait raconté sans détour :
« Elle me disait : « Tu es beau mais c’est dommage. Si on avait de l’argent, on te ferait opérer. Tu es tellement beau… sauf ça. J’ai tout réussi, sauf ça ». Elle m’a mis ça dans la tête. »
Pourtant, malgré ces mots malheureux, Dany Boon a toujours entretenu un lien extrêmement fort avec sa mère. Une mère qui, très jeune, avait vécu un rejet violent de sa propre famille après être tombée enceinte d’un homme kabyle plus âgé. Sur TF1, il en décrivait les conséquences avec émotion :
« Pour elle, ça a été très difficile de vivre ce rejet. J’ai des souvenirs… On est allé au mariage de mon oncle et elle n’avait pas le droit de traverser la rue. Ils sortaient de l’hôtel de ville et on était sur le parking en face. On était habillé endimanchés, et ma mère pleurait. Elle voyait son frère se marier, elle n’avait pas le droit de traverser la rue. »
Cette souffrance maternelle a façonné la vocation du comédien, qui voyait dans le rire une manière d’apaiser celle qui l’avait élevé seule. Il le résumait ainsi :
« En voyant ma mère souffrir, je me suis dit : « Il faut que je la fasse rire pour qu’elle aille mieux ». Le rire a été réparation pour tout, et à chaque fois. »
Au final, même si certaines paroles ont laissé des traces, elles ne pèsent pas lourd face à l’immense affection qui unit Dany Boon et sa mère. L’acteur a transformé ses failles en force, et ces maladresses d’autrefois ne sont qu’un chapitre parmi tant d’autres dans une relation marquée avant tout par la résilience et l’amour.
