Ayant tourné avec lui, Gérard Darmon déballe sur Louis de Funès entre les prises : « Il était…

Louis de Funès et Gérard Darmon
INA (DR) / Amuse Bouche (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Figure éternelle du cinéma comique, Louis de Funès demeure l’un des rares acteurs capables de faire rire toutes les générations, plusieurs décennies après sa disparition. Parmi ceux qui ont eu la chance de l’approcher, Gérard Darmon occupe une place particulière : jeune comédien à l’époque, il s’est retrouvé face au géant sur le tournage des « Aventures de Rabbi Jacob ». Une rencontre décisive dont il garde une impression bien particulière.

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Figure incontournable du cinéma comique français, Louis de Funès a dominé deux décennies d’humour et de cinéma populaire, au point d’éclipser presque tous ses contemporains. Alors lorsque Gérard Darmon, alors tout jeune comédien encore inconnu du grand public, se retrouve sur le tournage des « Aventures de Rabbi Jacob » au début des années 1970, il tombe nez à nez avec l’un de ses modèles absolus. Une rencontre marquante, vécue à hauteur de débutant face à un monument.

Invité sur le plateau d’Amuse Bouche il y a deux ans, celui qui incarnait alors l’un des hommes de main de Farès se souvenait ainsi de la manière dont il observait le maître au travail, comme un observe un fauve, avec une admiration teintée de crainte :

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« Je voulais voir comment il fonctionnait, comment il était avant le clap, pendant la prise, après la prise… Je l’ai bouffé des yeux… Je ne l’ai pas quitté ! Où qu’il soit dans la pièce. Je voulais tout prendre. C’était fascinant pour un jeune acteur. »

Mais derrière cette fascination totale, Darmon a aussi été troublé par l’attitude du « roi du burlesque ». Car lorsqu’il n’était pas en plein jeu, De Funès semblait plongé dans une forme de mélancolie qui a marqué le jeune comédien d’alors :

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« Je l’ai trouvé assez calme, même assez triste en fait, oui, dans une autre bulle. Il attendait, il était comme ça, il regardait par la fenêtre, et il y avait Oury qui l’appelait : “Loulou, on y va”. (…) Et tout de suite, il partait. »

À cette époque, « Fufu » était malheureusement déjà affaibli physiquement. Ses soucis de santé récurrents et certaines complications personnelles pesaient lourd, même si rien de tout cela ne transparaissait une fois la caméra en marche. Devant l’objectif, Louis de Funès redevenait l’explosif Victor Pivert, dans une performance devenue mythique.

Sur le plateau de « Vivement Dimanche », Darmon avait également relaté un moment inattendu, partagé avec son aîné dans la fameuse usine à chewing-gum du film :

« On a eu un accident de Funès et moi avec les yeux quand on était dans la pâte à crêpe. Enfin, dans le chewing-gum, qui était en réalité de la pâte à crêpe avec du colorant, ça a pris 15 jours au lieu de deux ! J’ai vécu 15 jours avec de Funès, on se mettait des petites goutes dans les yeux. »

Témoin privilégié de cette période, Gérard Darmon garde l’image d’un Louis de Funès concentré, parfois ailleurs, peut-être fatigué, mais toujours irréprochable lorsqu’il s’agissait de jeu. Entre respect absolu et émotion, son récit rappelle combien travailler aux côtés d’un tel monument pouvait être à la fois bouleversant et fondateur. Plus de 50 ans après, ces souvenirs demeurent vivaces, preuve que quelques jours seulement passés avec une légende peuvent marquer une vie entière.

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