Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Figure populaire du cinéma et de l’humour français, Michaël Youn n’a jamais caché sa sensibilité derrière son exubérance légendaire. Mais certains aspects de sa vie restent méconnus du public, notamment un trouble psychique dont il souffre depuis des années. Une pathologie taboue, qu’il avait choisi d’évoquer sans détour lors d’un entretien.
Connu pour son énergie débordante et ses excès assumés, Michaël Youn, l’ancien trublion du « Morning Live », a toujours entretenu une relation complexe avec le stress. À 52 ans, l’acteur a révélé souffrir d’un trouble bien particulier : la trichotillomanie, un comportement compulsif encore trop souvent passé sous silence.
Une confession rare, d’autant que ce TOC autogressif touche un nombre plus important de personnes que ce que l’on imagine. Dans les colonnes de Gala, l’humoriste s’était livré sur ce mécanisme difficile à contrôler. Il expliquait ainsi en détail ce que cette compulsion provoquait chez lui :
« J’ai tendance, pour passer mon stress, à prendre un poil de la barbe et à tirer dessus. Je me faisais des trous dans la barbe, des trous dans les poils du torse, des trous dans les cheveux ».
Ce trouble, classé parmi les comportements d’auto-agression, pousse en effet ceux qui en souffrent à s’arracher cheveux ou poils de manière répétée, parfois jusqu’à provoquer des zones dégarnies très visibles. Si la forme du réalisateur de Fatal reste modérée, d’autres personnes peuvent aller jusqu’à s’arracher totalement sourcils, barbe ou parties entières du cuir chevelu. Une réalité méconnue, alors que la pathologie toucherait environ 2 % des femmes et également un certain nombre d’hommes, selon les spécialistes.
Pour tenter d’enrayer ces gestes irrépressibles, les solutions sont multiples : psychothérapie, techniques de réorientation du mouvement, exercices de relaxation ou, dans les cas sévères, un accompagnement psychiatrique. Certains patients choisissent aussi des solutions esthétiques permettant de masquer les zones touchées : implants, volumateurs ou systèmes capillaires. Mais tous les experts s’accordent sur un point : la première étape reste d’oser en parler, tant la honte et la dissimulation entourent encore ce trouble.
Le comédien, lui, affirme être parvenu à réduire ce comportement. Mais non sans que la compulsion ne se déplace vers un autre geste, comme il le reconnaissait avec humour dans ce même entretien :
« J’ai arrêté, mais je suis reparti sur les ongles ! »
Un aveu sincère, rare et loin de la caricature du clown survolté qu’il incarne parfois. En rendant visible l’un de ces TOC encore trop ignorés, Michaël Youn contribue à lever un peu le voile sur une maladie souvent vécue dans le silence. Une manière, aussi, de montrer que derrière les personnalités les plus extraverties se cachent parfois des combats bien plus intimes.
