Par Rédaction | Sport
Monument du judo français et double champion olympique, David Douillet a toujours entretenu un lien particulier avec le Japon, terre sacrée de son sport. Au fil des ans, l’ancien poids lourd a accumulé les voyages au pays du Soleil-Levant, mais aussi les découvertes, les erreurs et les remises en question. Il s’en était longuement expliqué lors d’un entretien où il évoquait ses impressions, parfois maladroites, de jeune judoka en quête de repères.
Figure emblématique du sport tricolore, David Douillet a en effet découvert le Japon dès l’adolescence, à une époque où ce pays apparaissait pour lui comme un monde totalement différent. Le champion, fasciné par la culture nippone et respecté là-bas pour sa carrure hors normes, s’est souvent confié sur cette relation contrastée.
Mais ses premières impressions, racontées à L’Équipe, rappellent à quel point ce choc culturel a marqué le futur colosse. Dans cet entretien en date d’il y a quelques années, l’ancien judoka avait ainsi raconté son tout premier voyage au Japon :
« Je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai 15 ou 16 ans et je suis sélectionné pour un championnat scolaire à Tokyo. Quel choc, thermique et psychologique ! Rien que le voyage dure 20 heures. À l’époque, tu n’as pas le droit de survoler l’URSS, tu dois passer par Anchorage, en Alaska.
C’est un rêve ! Comme si tu allais à La Mecque, mais pour le judo. Tu découvres un pays opposé au tien. Les rues, les voitures, les gens sont deux fois plus petits. Ils mangent des trucs bizarres… On adore ça maintenant, mais mon premier petit-déjeuner japonais traditionnel, ça m’a fait drôle. De la soupe de coquillages, du poisson fumé, un bol de riz, un oeuf cru, trois algues, ça change du pain-beurre-confiture. Et tu ne croises pas un mec qui parle anglais. Mais j’adore ! »
Au fil des années, l’ancien champion du monde a affiné son regard sur la culture japonaise. Et s’il admet ue ses premiers jugements n’ont pas toujours été justes, il se souvient aussi du choc culturel qu’il a constaté, notamment vis-à-vis des femmes :
« Ce que j’aime ? Le dépaysement total. Les jeunes filles se mettent la main devant la bouche pour rire, les femmes de là-bas marchent derrière leurs mecs dans la rue… Il existe un mélange de traditionalisme, de comportements bizarroïdes, le tout dans une ville super moderne, avec des néons partout. Tokyo, c’est comme New York, ça dégueule de capitalisme. Très sincèrement, sur l’instant, j’ai eu un jugement très sévère sur les Japonais, je les ai pris pour des débiles. Mais c’était moi le débile.
Je voulais comprendre un pays qui m’était complètement étranger avec mes propres codes. Mais c’est à toi d’entrer dans leur tête. C’est le seul moyen pour que tu devines qu’ils sont obligés de respecter l’autre, sa condition, l’endroit dans lequel ils vivent. Et ça n’a rien d’angélique. »
Et de conclure, en décrivant ce que ce premier séjour lui a appris durablement :
« En tout cas, après une telle expérience à 16 ans, tu te transformes en couteau suisse capable de t’adapter partout, en respectant les autres dans leurs différences. Le Japon est un pays qui, sans être donneur de leçons, t’en donne beaucoup. Il suffit de regarder, d’observer sans juger. »
Aujourd’hui encore, l’ex-judoka garde un profond respect pour la culture nippone, qu’il associe autant à la rigueur qu’à la richesse des traditions. Ses nombreux allers-retours au Japon en ont fait un observateur privilégié, conscient de ses premières erreurs mais également reconnaissant des leçons tirées au fil du temps. Un lien fort, forgé entre admiration, apprentissage et humilité.
