Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La saison actuelle des Clippers s’enfonce dans une zone d’incertitude rare, tandis que l’organisation observe ses ambitions se déliter semaine après semaine. Les défaites s’enchaînent, les certitudes disparaissent et l’avenir semble suspendu à des décisions qui ne viennent jamais. Au cœur de ce tableau inquiétant, un homme concentre désormais toutes les interrogations : Steve Ballmer.
Malgré l’effondrement sportif, malgré les blessures, et malgré l’absence de perspectives claires, la situation demeure étonnamment figée aux Clippers. Beaucoup y voient un signal alarmant, un décalage entre la réalité du terrain et la lecture qu’en fait le propriétaire. Tandis que les analystes tirent la sonnette d’alarme et que les résultats plongent l’équipe au fond de la conférence Ouest, Ballmer, lui, refuse de toucher à son duo de vétérans.
C’est l’analyste Sam Amick qui a résumé le mieux cette relation particulière entre Ballmer et son noyau de stars. Sur le plateau de “Run It Back”, il a déclaré en « Steve Ballmer a une addiction inexplicable, selon moi, presque folle, à ce groupe. Je ne comprends pas, car quand on parle de Kawhi, le niveau de distraction et de problèmes issus de ce partenariat a été énorme, mais Steve n’a jamais vacillé ». Une critique sévère, rapidement suivie d’une autre : « Ils continuent avec ce groupe, sachant que tous les contrats arrivent à expiration bientôt […] Je ne les vois pas tout démolir, juste bricoler autour et essayer d’en sortir quelque chose ».
Des signaux d’alerte ignorés depuis trop longtemps
Les Clippers traversent actuellement l’une des périodes les plus sombres de leur histoire récente : 6–18, 14e place à l’Ouest, une dynamique catastrophique et une incapacité à générer le moindre élan collectif. Ballmer, pourtant réputé pour son énergie débordante et ses investissements massifs, semble étrangement passif face à la chute. L’arrivée de superstars vieillissantes, les blessures récurrentes, les controverses autour de Kawhi : aucun élément ne semble suffire à déclencher un changement dans sa stratégie.
Dans un contexte aussi compétitif que la conférence Ouest, persister dans cette direction revient presque à condamner l’équipe à une spirale sans fin. Amick s’étonne d’ailleurs que le propriétaire ne réalise pas que l’organisation a perdu son identité : entre la perte de jeunes talents, les rotations incohérentes et l’absence de stabilité, les Clippers n’avancent plus.
La situation devient d’autant plus préoccupante que le départ récent de Chris Paul a mis en lumière un problème encore plus profond. Si beaucoup ont pointé du doigt Ty Lue ou le management, Amick rappelle que c’est l’attitude du propriétaire qui définit le ton d’une organisation. Un manque de pression, une absence d’exigence, un cadre trop permissif : autant de facteurs qui expliquent selon lui l’apathie générale visible sur le terrain.
Si la tendance actuelle se poursuit, les Clippers pourraient glisser de la simple déception à la médiocrité durable. L’équipe cumule déjà les critiques acerbes, que ce soit pour son manque de compétitivité, son absence d’énergie ou ses décisions douteuses. Ballmer se retrouve face à un tournant historique : continuer dans l’illusion que ce groupe peut encore renaître, ou enfin prendre des décisions radicales pour redonner une âme et une direction à une franchise qui s’épuise à vue d’œil.
