Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Quelque chose a changé à San Antonio, presque à bas bruit. Les résultats parlent, même quand les absences s’accumulent, comme celle de Victor Wembanyama. Et désormais, la question n’est plus de savoir si cette équipe progresse, mais jusqu’où elle peut aller.
La demi-finale de NBA Cup face à Oklahoma City a servi de révélateur. Dans un match à l’intensité clairement estampillée playoffs, la franchise texane a tenu tête au champion en titre pour s’imposer 111–109. Une victoire arrachée avec sang-froid, maîtrise et une lecture du jeu qui dépasse largement l’enthousiasme d’un jeune groupe encore en construction.
Ce match marquait aussi le retour de Victor Wembanyama après douze rencontres d’absence. Fait inédit, le Français est sorti du banc, sans que cela n’altère son impact. En seulement vingt minutes, il a compilé 22 points et neuf rebonds, dominé son duel face à Chet Holmgren et imposé sa présence des deux côtés du terrain, sans jamais déséquilibrer le collectif.
Une croissance accélérée par l’adversité
Cette performance a relancé un débat plus large sur l’effet paradoxal de son absence. Dans ce contexte, Chris Broussard a livré une analyse qui a fait beaucoup réagir : « Si Wembanyama est en bonne santé, les Spurs peuvent tout gagner cette saison. Sa blessure a peut-être aidé, parce qu’elle a permis aux autres joueurs de se trouver ». Une déclaration lourde de sens, qui met en lumière une progression collective née dans l’adversité.
Privée de son joueur phare pendant plusieurs semaines, la franchise de San Antonio n’a pas reculé. Bien au contraire. Avec un bilan de 9 victoires pour 3 défaites sans Wembanyama, l’équipe a appris à partager les responsabilités, à varier ses options offensives et à renforcer sa discipline défensive. Ce passage obligé a forgé des automatismes précieux.
Le contexte rend cette évolution encore plus frappante. Stephon Castle, De’Aaron Fox et Dylan Harper ont eux aussi manqué de nombreuses rencontres, sans que l’identité de jeu ne s’effondre. Malgré l’un des calendriers les plus exigeants de la ligue, San Antonio pointe aujourd’hui à la quatrième place de la Conférence Ouest, preuve d’une constance rare pour un groupe aussi jeune.
Avec une moyenne d’âge à peine supérieure à 25 ans, cette franchise avance sans complexe. L’impact de Wembanyama reste évidemment central, notamment sur les chiffres offensifs et défensifs, mais son entourage a montré qu’il pouvait maintenir un haut niveau d’exigence en son absence. Cette complémentarité change profondément la perception de l’équipe. Reste la question de la santé, incontournable quand il s’agit d’un profil aussi atypique. Les indicateurs sont clairs : avec lui sur le parquet, San Antonio fait partie de l’élite des deux côtés du terrain. Sans lui, le niveau reste compétitif, mais perd ce supplément d’âme qui fait basculer les grands matchs. Tout l’enjeu sera donc de préserver cet équilibre fragile.
