Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Icône insaisissable de la chanson francophone, Mylène Farmer a bâti une carrière marquée par le mystère et la transgression. Et dans les années 1980, son image sulfureuse a nourri autant de fantasmes que de débats. Clips provocants, paroles ambiguës, mises en scène audacieuses : l’artiste n’a jamais craint d’explorer l’érotisme. Jusqu’à livrer, à de rares occasions, des confidences très directes.
« Je suis libertine, je suis une catin ». Qui d’autre que Mylène Farmer pouvait chanter ça et autant l’assumer ? Dès sa débuts, la native de Montréal s’est imposée comme une artiste à contre-courant. À une époque où la bienséance dominait encore largement les médias, la chanteuse choquait avec des clips où la nudité et la violence symbolique servaient un propos artistique assumé. Cette esthétique, mêlant sensualité et noirceur, a forgé une réputation sulfureuse qui colle encore aujourd’hui à l’interprète de « Désenchantée ».
C’est dans ce contexte qu’en décembre 1986, Mylène Farmer avait surpris le public en se livrant sans détour sur son rapport à la séduction et au désir. Invitée dans l’émission « Sexy Folies », diffusée en dernière partie de soirée, la chanteuse avait alors tenu des propos sans langue de bois sur sa vie intime :
« J’aime séduire avant tout et posséder peut-être dans un second temps. Au lit, il faut agir plus que parler. Maintenant je vais vers ces choses avec un peu plus de vice. Dans un couple, j’ai besoin d’admirer. J’ai besoin de faire mal et j’ai besoin d’avoir mal. J’aime bousculer… La facilité, les choses évidentes ne sont pas intéressantes »
Des déclarations qui avaient confirmé l’image d’une artiste refusant les normes et revendiquant une sexualité intense, complexe, parfois dérangeante. À l’époque, ces mots avaient contribué à renforcer le caractère provocateur de celle qui a depuis rempli à plusieurs reprises le Stade de France.
Trois ans plus tard, en 1989, Mylène Farmer poursuivait dans la même veine lors d’un entretien accordé au magazine « Domina ». Interrogée sur ses costumes de scène et son rapport au corps, elle assumait une nouvelle fois son goût pour la provocation et le jeu avec les codes :
« J’adore rester toute nue chez moi. Mais la lingerie, non, ce n’est pas quelque chose que je cultive à la maison. J’aime… mais c’est plus amusant de la présenter en public ! »
Ces confidences rares éclairent une facette essentielle de l’œuvre de Mylène Farmer. Derrière le silence médiatique et les apparitions comptées, l’artiste a toujours revendiqué une liberté totale, y compris dans l’expression du désir. Une cohérence artistique qui, des années 1980 à aujourd’hui, continue de fasciner.
