Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Après plus d’une décennie passée dans l’Hexagone, Marco Verratti ne se contente pas d’un simple au revoir. L’ancien milieu du Paris Saint-Germain a longuement observé son pays d’adoption, ses codes et ses habitudes. Avant de quitter l’Europe, l’Italien a pris le temps de livrer un regard sans filtre sur les Français. Avec, à la clé, quelques différences culturelles marquantes.
Arrivé en France à seulement 19 ans, Marco Verratti a grandi sous le maillot du Paris Saint-Germain, club avec lequel il a tout gagné sur la scène nationale. Pendant onze saisons, le natif de Pescara est devenu une figure incontournable du championnat de France, mais aussi un homme façonné par la vie parisienne.
Un parcours qui lui a permis de comparer, avec recul, les mentalités françaises et italiennes, sans caricature mais avec franchise. Dans un entretien accordé à L’Équipe peu avant son départ, Marco Verratti est revenu sur son arrivée dans la capitale et sur ce qui l’a immédiatement marqué dans son rapport à la France :
« Dès que je suis arrivé ici, j’ai eu un coup de foudre. Je suis tout de suite tombé amoureux de cette ville. Elle m’a ouvert l’esprit. Quand tu viens d’un petit village, il y a des choses que tu ne vois pas. À Paris, il y a beaucoup de gens différents, de cultures différentes. Si tu es un garçon intelligent, Paris ne peut que t’aider à grandir. »
Avec le temps, l’international italien a surtout appris à apprivoiser une certaine distance sociale, qu’il percevait au départ comme de la froideur. Un trait culturel qu’il juge aujourd’hui beaucoup plus sincère que les démonstrations parfois excessives qu’il connaissait en Italie :
« Une chose que je détestais au début, mais que j’aime vraiment bien maintenant, c’est que les gens sont froids. Quand tu te fais un ami à Paris, c’est un vrai ami. En Italie, on a beaucoup d’amis (sourire). Je ne vais presque jamais à Milan. Mais, à chaque fois que je vais là-bas, je rencontre plein de gens qui me disent : « Oh, mon ami ! » « Ça va, mon ami ? » On dirait qu’on est tous amis mais, à la fin, si t’as besoin de quelqu’un, il n’y a plus grand monde. »
Une différence qui se traduit aussi par un cercle social plus restreint mais, selon lui, bien plus solide :
« En France, j’ai trois, quatre vrais amis. Et, s’il se passe la moindre chose, à n’importe quelle heure de la nuit, je sais que je peux les appeler et qu’ils seront là pour moi. Pas parce que je suis Marco Verratti et que je joue au foot. »
Au fil des années, l’ancien Parisien a même adopté certaines habitudes locales, quitte à bousculer les traditions culinaires de son pays natal :
« Je mélange la viande et les pâtes (sourire). Je mange aussi du riz en accompagnement. En Italie, on ne fait jamais ça. Pour le reste, on est quasiment pareils. Les Français et les Italiens ne sont pas si différents que ça. »
Mais ce qu’il apprécie par-dessus tout chez les Français reste leur rapport au succès et à la notoriété, bien différent de celui qu’il observe de l’autre côté des Alpes :
« Les Français sont très discrets, ils te laissent vivre ta vie. Ce ne sont pas des gens qui te jugent. En Italie, c’est parfois dur quand tu es une personne qui a réussi. Il y a toujours un peu de jalousie. On te reproche beaucoup ton succès. Ici, moins. J’aimerais vivre ma vie normalement, comme tout le monde. »
Parti poursuivre sa carrière loin de Paris, Marco Verratti laisse derrière lui bien plus qu’un palmarès exceptionnel. Entre attachement sincère, constats lucides et respect mutuel, l’Italien aura noué avec la France une relation durable, faite de différences assumées et d’une admiration qu’il ne cherche pas à dissimuler.
