La sortie sans pitié d’une star française sur Michel Blanc : « Il pouvait être odieux, je ne…

Michel Blanc
Canal+ (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Derrière les éclats de rire et les succès populaires, certaines collaborations laissent des traces durables. Des années après un tournage pourtant salué, une figure majeure du cinéma français avait ainsi fait part d’un souvenir pour le moins contrasté avec Michel Blanc. Une anecdote pas forcément surprenante pour ceux qui connaissaient vraiment le regretté acteur, trop tôt disparu.

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Figure centrale de la comédie hexagonale, Michel Blanc a longtemps incarné des personnages drôles, maladroits ou grinçants, notamment grâce à la troupe du Splendid. Mais en coulisses, l’homme pouvait se révéler bien différent. C’est en tout cas le souvenir qu’en garde Patrice Leconte, réalisateur culte à qui l’on doit notamment Les Bronzés, et qui avait dirigé l’acteur dans Les grands ducs en 1995. Une collaboration marquée par des tensions inattendues.

Invité il y a quelques années au micro d’Europe 1, Patrice Leconte n’avait pas cherché à arrondir les angles en évoquant l’attitude de Michel Blanc sur le tournage. Le cinéaste décrivait alors un comportement déroutant, très éloigné de l’image publique du comédien :

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« Je ne sais pas ce qu’il avait. Il ne devait pas être dans son assiette pendant le tournage. Il est parfait dans le film. Il n’y a que le résultat qui compte, le reste, on s’en fout… Mais il n’était pas aussi sympathique que ce que je connaissais. Il pouvait être odieux. Même les trois ténors, [Jean-Pierre] Marielle, [Jean] Rochefort et [Philippe] Noiret me disaient : ‘Mais qu’est-ce qu’il a Michel ? Pourquoi il est comme ça ?’ Je ne sais pas… Il était peut-être dans une mauvaise passe. »

Un témoignage abrupt, mais qui s’inscrit dans une image plus nuancée de l’acteur. Loin des personnages comiques qui lui ont valu la reconnaissance du public, Michel Blanc a souvent été décrit comme anxieux, tourmenté, parfois distant. La réalisatrice Mélanie Auffret avait elle aussi évoqué sa grande nervosité sur les plateaux. De son côté, l’acteur assumait une certaine mise à distance avec ses collaborateurs.

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Dans les colonnes du Dauphiné Libéré, Michel Blanc avait d’ailleurs livré sa propre lecture de cet épisode tendu autour des Grands Ducs, pointant une incompréhension réciproque avec Patrice Leconte :

« Patrice m’a demandé de faire le film parce que les télés voulaient un acteur de la génération d’en dessous pour contrebalancer le trio de vedettes. Cette comédie n’était pas honteuse à faire, mais j’ai eu l’impression que Patrice voulait aller très vite sur le tournage, comme s’il voulait s’en débarrasser. Et moi, ça m’agaçait. Nous nous sommes engueulés une fois. Ce n’était jamais arrivé et cela m’a refroidi. Après, je suis devenu totalement indifférent. Je me suis éloigné de lui. »

Deux versions d’une même histoire, révélant les failles humaines derrière une œuvre collective. Avec le recul, ces confidences dessinent le portrait d’un acteur complexe, brillant à l’écran, mais parfois difficile à suivre hors caméra. Un rappel que le cinéma, même lorsqu’il fait rire, n’est jamais totalement exempt de zones d’ombre.

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