Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Frédéric Beigbeider s’est longtemps construit autour d’une image d’excès et de provocations littéraires. Mais à 60 ans, le temps et la santé ont rattrapé l’écrivain, qui a traversé une épreuve majeure à la fin 2024. Entre humour noir et lucidité brutale, l’auteur s’est confié sur un moment de peur qui a changé sa perception de sa propre vie.
Figure incontournable de la littérature contemporaine française, Frédéric Beigbeider a bâti sa carrière sur le choc et le dévoilement. Auteur de nombreux romans et chroniqueur reconnu, il a longtemps vécu à la frontière des excès, mêlant alcool, drogue et soirées sans limite. Ce mode de vie a laissé des traces, que le quinquagénaire devenu sexagénaire partage désormais sans fard, alors que sa santé lui impose des contraintes nouvelles.
Dans une interview accordée à « La Tribune Dimanche » début 2025, alors qu’il était au restaurant avec le journaliste venu l’interviewer, il confiait, un brin désabusé, qu’une grosse frayeur de santé avait radicalement changé sa façon de vivre :
« Pfff, j’ai honte… J’ai fait un infarctus il y a trois semaines, soins intensifs, stent et tout ça. Les cardiologues m’ont dit d’arrêter la viande rouge, vous voyez que je ne tiens pas longtemps. »
Derrière cette légèreté apparente, Frédéric Beigbeider admet une vraie peur, nourrie par une vie d’excès et de libertés sans frein. Il revient sur le conseil que lui avait donné Michel Houellebecq, et sur le choc de frôler la mort juste après un projet important :
« Michel Houellebecq m’avait donné ce conseil : ‘Écris chaque livre comme si tu allais mourir le jour de la publication.’ Là, ça a failli être vrai ! Une semaine après avoir envoyé les dernières corrections sur les dernières épreuves, j’étais en soins intensifs.
Si je peux manger ça sans mourir tout de suite, c’est grâce aux médicaments que je prends, les statines, qui réduisent le cholestérol. J’ai aussi un bêtabloquant pour ralentir la pression artérielle, et de l’aspirine pour fluidifier le sang. Sans compter l’insuline que le diabétique que je suis s’injecte toute la journée. Voyez, je ne suis pas sevré, j’ai juste remplacé les substances interdites par des drogues légales ! »
Ces confidences mettent en lumière une facette plus fragile de l’auteur, rarement exposée au public. Entre humour et inquiétude, Frédéric Beigbeider montre que derrière la provocation et la légèreté, il existe un homme conscient des limites de son corps et des excès passés, déterminé à continuer d’écrire malgré tout.
