Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Icône absolue de la variété française des années 1970, Claude François a longtemps cultivé une image de séducteur assumé, adulé par un public féminin très jeune. Mais certaines déclarations de l’artiste, exhumées avec le recul du temps, interrogent aujourd’hui profondément – et scandalisent. La preuve avec une interview de 1973 qui résonne de manière assez glaçante avec un regard moderne.
Figure centrale de la chanson populaire française, Claude François est au sommet de sa carrière au début des années 1970. Enchaînant les tubes, les tournées et les apparitions médiatiques, le chanteur fascine par son talent et sa méticulosité. Mais derrière l’énergie scénique et les refrains fédérateurs, l’homme développe aussi un discours très cru sur son rapport aux femmes.
C’est à l’issue d’un concert donné en 1973, alors qu’il est âgé de 34 ans, que l’interprète de « Cette année-là » s’exprime longuement sur le sujet lors d’une interview, laissant transparaître une obsession assumée et un brin malsaine pour les filles jeunes. Et même très jeunes…
« Je pense qu’il y a une attirance quelle qu’elle soit. Et puis il y a une obsession et pas d’obsessions. Moi je suis obsédé carrément. Je suis obsédé par la catégorie de filles qui vient me voir. Même si ça peut paraître physique – puisqu’on me dit « t’aimes les fruits verts t’aimes les petites filles entre 15 et 18 ans, après ce sont des vieillards, on en parle plus », je dis que c’est ça et aussi son contraire. J’aime jusqu’à 17 ou 18 ans mais après je commence à me méfier, enfin Dieu seul sait si j’ai des aventures au-delà de 18 ans.
Loin de s’arrêter là, l’artiste développe ensuite une classification pour le moins troublante des femmes selon leur âge, mêlant jugement esthétique, rapport de domination et conception fantasmée de la féminité :
« Après 18 ans, je me méfie parce que les filles commencent à réfléchir, elles sont plus naturelles, etc. Ça commence parfois avant. On retrouve cette forme humaine et équilibrée après une bonne trentaine d’années. Il y a cette horrible moyenne de 18 à 30 ans. Je n’aime pas les filles de cette catégorie d’âge. Elles se sentent obligées de prendre position et elles ne deviennent plus cette espèce de rêve que représente pour moi la fille. »
À l’époque, ces propos ne provoquent pas de scandale majeur dans une France encore imprégnée du slogan « il est interdit d’interdire » et de l’influence post-soixante-huitarde. Mais plusieurs décennies plus tard, ils jettent une lumière très sombre sur la personnalité du chanteur. Si Claude François demeure un monument de la chanson française, cette image de chasseur de très jeunes femmes continue de peser lourdement sur sa postérité, alimentant un malaise durable autour de son héritage artistique.
