Thierry Henry sans détour sur la différence entre les footballeurs blancs et noirs : « Les blancs, ils…

L'ancien footballeur français Thierry Henry
GQ (DR)

Par Rédaction | Sport

Avant d’entrer dans la légende du football mondial, Thierry Henry a d’abord été un adolescent en construction, façonné par l’exigence de la formation française. À Clairefontaine, le futur champion du monde a appris bien plus que des gestes techniques. Il y a aussi forgé une réflexion profonde sur le jeu, les corps et les différences entre joueurs. Une parole directe, toujours assumée des années plus tard.

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Si Therry Henry est aujourd’hui une légende, il ne le doit pas au hasard. Le natif des Ulis, passé par Monaco, Arsenal, Barcelone et l’équipe de France, n’est pas seulement devenu l’un des attaquants les plus redoutés de sa génération grâce à son instinct de buteur. Très tôt, il a compris que ses qualités physiques ne suffiraient pas à durer au plus haut niveau. Et c’est à Clairefontaine qu’il a pris conscience de ses forces, mais aussi de ses limites, et de la nécessité d’élargir sa palette.

Adolescent, Thierry Henry impressionne par sa vitesse fulgurante, une arme naturelle qui lui permet de faire la différence sans réfléchir outre mesure. Mais pour ses formateurs, et notamment Francisco Filho, l’objectif est clair : empêcher les jeunes talents de se reposer uniquement sur ce qui les avantage déjà. Dans un centre où la priorité n’est pas de gagner des matchs mais de former des internationaux complets, l’apprentissage passe aussi par la frustration et la remise en question permanente.

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Interrogé par FFF TV il y a quelques temps, Thierry Henry était ainsi revenu longuement sur cette période fondatrice, en évoquant sans détour la manière dont son profil physique influençait son jeu, et en établissant une comparaison assumée entre joueurs noirs et joueurs blancs :

« J’avais des thèmes. Par exemple, j’allais « que » vite. Dribbler, bon… Mon dribble, c’était pousser la balle et c’est tout. Quand tu vas vite, tu n’es pas obligé de travailler tes courses. Même avec 2 mètres de retard, tu passes.

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À l’inverse, un joueur plus lent est obligé de rentrer dans la réflexion plus rapidement, parce que sinon il ne passe. Donc Monsieur Francisco m’a dit un jour : « Aujourd’hui, je ne veux pas que tu passes tes joueurs par la vitesse. Fais quelque chose d’autre, un dribble, une vraie course. Pas juste pousser la balle et courir. Ça tu l’as, tu l’auras toujours. Si tu dois travailler le reste, c’est maintenant, après ce sera trop tard ». Un autre jour, il m’a interdit de remettre la balle derrière.

Une autre fois, interdit de dribbler. Je devais passer mon joueur par l’appel de balle. Il me disait : « Un jour il y aura un joueur aussi rapide que toi, ou aussi costaud. Qu’est-ce que tu auras développé ? »

Les joueurs blancs, pas rapides, développent tôt une vision du jeu et une compréhension du jeu beaucoup plus rapide que celui qu’a l’atout de la vitesse. Surtout si son coach amplifie ça pour pouvoir gagner. Mais comme à Clairefontaine le plus important ce n’était pas de gagner, mais de savoir combien de joueurs arriveraient en équipe de France, il y avait ce souci d’apprendre à jouer au foot. Dans tous les sens du terme. »

Loin de toute provocation, cette analyse s’inscrit dans une réflexion globale sur la formation et la nécessité d’adapter l’apprentissage aux qualités de chacun. Thierry Henry ne nie ni les exceptions, ni la complexité du sujet, évidemment, mais assume une tendance générale observée sur les terrains, où effectivement les joueurs noirs sont majoritairement plus athlétiques et plus rapides. Une lucidité qui fait aussi partie de l’héritage de Clairefontaine, où l’honnêteté entre éducateurs et joueurs prime sur les discours convenus.

Avec le recul, l’ancien attaquant des Bleus garde une reconnaissance intacte envers ceux qui l’ont poussé à ne pas se contenter de sa vitesse. Cette exigence, parfois contraignante sur le moment, lui a permis de devenir un joueur complet, capable de s’adapter à tous les contextes et à toutes les défenses. Une leçon de football, mais aussi de longévité, que Thierry Henry n’a manifestement jamais oubliée.

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