Les aveux déconcertants de Thierry Ardisson : « On ne le disait pas, mais dans le verre de mes invités…

Thierry Ardisson
Franck Nicolas (DR)

Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web

Figure majeure de la télévision française pendant plus de quatre décennies, Thierry Ardisson s’est éteint à l’été 2025, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans le paysage audiovisuel. Provocateur assumé, l’animateur n’a jamais renié ses méthodes et sa « patte ». Jusqu’à la fin, « l’homme en noir » a revendiqué une liberté de ton héritée d’un autre temps. Et certaines révélations continuent encore aujourd’hui de surprendre.

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Véritable monument du petit écran, Thierry Ardisson a traversé les époques sans jamais lisser son style. De Canal+ à France Télévisions, l’ancien publicitaire devenu animateur-star a façonné une télévision plus crue, plus directe, souvent à rebours des conventions. Dans ses émissions cultes comme Tout le monde en parle, l’objectif était clair : faire tomber les masques, quitte à bousculer les règles. Une approche qui passait parfois par des procédés pour le moins inattendus.

Toujours prompt à analyser l’évolution des formats audiovisuels, l’homme en noir s’était exprimé sur les nouvelles émissions qui cherchent à faire parler les invités autrement. Lors d’un entretien accordé à Pure Médias, Thierry Ardisson avait comparé certaines idées contemporaines à ses propres méthodes, levant alors le voile sur une pratique longtemps restée officieuse :

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« Comme tous les créatifs, je cherche des idées. Je me dis que je pourrais peut-être piquer des idées à des mômes (rires). Je ne trouve pas d’idées que j’ai envie de voler. Il y a un truc qui est rigolo mais qu’on ne peut pas faire à la télé, c’est Monsieur Poulpe qui fait boire des gens pour les faire parler. C’est incroyable !

Maintenant, il y a « Hot Ones » avec Kyan Khojandi qui donne du piment à ses invités. C’est un format américain. Mais tu ne peux pas le faire non plus à la télévision hertzienne. C’est pourtant une bonne idée. Nous, on faisait pareil. On faisait pareil. Dans leurs mugs, ils avaient du champagne ou de la vodka. Juste, on ne le disait pas… »

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Une confession qui a remis en perspective certaines prestations mémorables sur ses plateaux. Car plusieurs invités avaient, avec le recul, confirmé l’ambiance très particulière qui régnait lors des enregistrements. Invité emblématique de l’émission, Gérard Darmon avait lui aussi livré son souvenir de cette époque, évoquant sans détour son état sur le plateau de « Tout le monde en parle » :

« Je tournais beaucoup à la vodka ou au vin mais pas tellement au champagne. Dans « Tout le monde en parle », je n’ai jamais bu d’eau. Je ne suis pas sûr qu’il y en avait de toute manière (sourire). C’était aussi l’époque où je fumais beaucoup, pas que des cigarettes. On y allait fort. Je suis toujours entré sur le plateau dans un drôle d’état. »

De années plus tard, ces pratiques témoignent d’une télévision plus débridée, où l’alcool et la cigarette faisaient encore partie du décor à l’antenne. Héritier direct de l’esprit de « Droit de réponse » de Michel Polac, Thierry Ardisson revendiquait une télévision libre et parfois chaotique, loin de l’aseptisation progressive imposée par les années suivantes.

Disparu à l’âge de 76 ans, Thierry Ardisson laisse derrière lui des émissions cultes, des séquences devenues mythiques, et une vision très personnelle du métier. Qu’on l’admire ou qu’on le critique, ses aveux tardifs confirment une chose : jusqu’au bout, l’homme en noir aura assumé une télévision sans filtre.

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