Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
À l’affiche de « L’art de la joie », Valeria Bruni-Tedeschi continue d’ajouter des lignes significatives à son CV déjà copieusement garni. Mais alors que l’année 2026 approche à grands pas, l’actrice s’interroge sur une évolution qui la préoccupe en France. Et elle n’a pas hésité à livrer son analyse, quitte à en surprendre certains.
Figure reconnue du cinéma franco-italien, Valeria Bruni-Tedeschi n’est pas du genre à édulcorer sa pensée. Actrice et réalisatrice, la soeur de Carla Bruni s’est toujours illustrée par des choix artistiques audacieux. Sa participation à « L’art de la joie » s’inscrit dans cette continuité, au sein d’une série qui explore sans détour les zones grises de l’âme humaine et des rapports sociaux.
La relative discrétion autour de la diffusion du programme en France a cependant surpris. Produite avec ambition, saluée pour sa richesse narrative, la série n’a été achetée que par T18, une chaîne encore peu installée dans le paysage audiovisuel. Un manque d’enthousiasme qui interroge, alors même que les plateformes et diffuseurs se livrent habituellement une concurrence féroce pour ce type de contenus.
Pour Valeria Bruni-Tedeschi, cette situation ne relève pas du hasard. Invitée à livrer son analyse, l’interprète a pointé du doigt une évolution plus large du climat culturel français, qu’elle juge moins enclin à accueillir des œuvres complexes et dérangeantes. Dans les colonnes de Télé-Loisirs, Valeria Bruni-Tedeschi a ainsi exposé sa vision :
« Je pense qu’aujourd’hui, la France est devenue un pays très puritain. Bon, ce que je dis n’est peut-être très politiquement correct, mais tant pis. Il semble qu’il y ait une réticence à accepter la complexité du monde. Pour ma part, je ne trouve pas que cette série soit scabreuse, obscène ou même vulgaire. Au contraire, il est élégant et intelligent. Il aborde la complexité de l’être humain. Le puritanisme du moment a peur de raconter la complexité humaine. Voilà comment je m’explique — tristement — le peu d’enthousiasme en France pour ce programme… »
Des propos tranchés, à l’image d’une artiste qui revendique une certaine liberté de création. Pour la comédienne, « L’art de la joie » ne choque pas, ou ne devrait en tout cas pas choquer, mais dérange par ce qu’elle montre de manière parfois brute.
Cette prise de position relance, une fois encore, le débat sur la place accordée aux œuvres audacieuses dans le paysage audiovisuel français, et sur l’évolution de la société au sens large. Entre prudence des diffuseurs et attentes supposées du public, Valeria Bruni-Tedeschi estime que la peur prend le pas sur la curiosité et la liberté de ton. Un constat amer, mais lucide, qui éclaire aussi son engagement dans des projets hors des sentiers battus.
