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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
En un peu plus d’une décennie en NBA, Nikola Jokic a accumulé des accomplissements qui, pour beaucoup d’autres, auraient nécessité une carrière entière. Trois titres de MVP, une bague de champion avec Denver et un trophée de MVP des Finales ont déjà solidement ancré son nom dans l’histoire de la ligue, même si le débat autour de son héritage continue de diviser.
Cette discussion permanente ne semble pourtant pas émouvoir Mark Jackson. L’ancien entraîneur NBA estime au contraire que Jokic redéfinit complètement la manière dont la grandeur d’un pivot doit être évaluée, en s’imposant dans un cercle où l’accès semblait autrefois verrouillé par des légendes intouchables.
Jokic, lui, incarne une rupture totale avec cet héritage classique. Sans explosivité spectaculaire ni présence athlétique écrasante, il contrôle pourtant les matchs par le rythme, la lecture du jeu et une vision collective hors norme. Même diminuée, la franchise de Denver reste compétitive dès lors qu’il est sur le terrain, tant son impact dépasse le simple cadre du scoring.
Une domination qui dépasse les chiffres traditionnels
Les statistiques confirment cette singularité. Les triple-doubles sont devenus presque routiniers pour le Serbe, au point d’en banaliser l’exceptionnel. En seulement onze saisons, il a déjà dépassé Kareem Abdul-Jabbar au nombre de passes décisives distribuées par un pivot, symbole d’un jeu qui brouille les frontières entre les postes et redéfinit les responsabilités offensives.
C’est précisément cette domination discrète que Mark Jackson juge parfois sous-estimée. « Il grimpe dans les classements des plus grands joueurs de tous les temps. Tu le regardes jouer, puis tu vois les statistiques et tu te dis : “Ce gars a fait ça ?” Il le fait chaque soir, à son propre rythme, avec son propre style. C’est de la poésie en mouvement. Quand on parlait des plus grands pivots, on pensait que certaines places étaient verrouillées », a expliqué Jackson, avant d’ajouter que Jokic « est dans ce groupe et en pousse certains dehors qu’on pensait intouchables ».
Pour Jackson, la discussion dépasse même le cadre historique. À ses yeux, Jokic est aujourd’hui la référence absolue de la ligue. « Quand on parle du meilleur joueur du monde, pour moi, il doit être numéro un à cause de ce qu’il fait chaque soir », a-t-il affirmé, soulignant la constance exceptionnelle du Serbe au plus haut niveau.
La valeur de Jokic ne se mesure d’ailleurs pas uniquement aux titres collectifs. Dans une NBA plus dense et plus compétitive que jamais, il a choisi de rester fidèle à Denver, sans jamais réclamer de renforts tapageurs ou de changement de décor, préférant élever le niveau de jeu de ceux qui l’entourent.
