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Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Récompensée par sa profession à de nombreuses reprises et toujours aussi appréciée par le public, Emmanuelle Béart peut être fière de sa carrière alors qu’elle vient de franchir le cap de la soixantaine. Ce qui la préoccupe, en revanche, c’est la situation actuelle de la France, et notamment la percée du RN. Elle a d’ailleurs exprimé un avis plutôt nuancé sur le sujet.
Depuis de très longues années, Emmanuelle Béart utilise la résonance que lui confère son métier d’actrice et la popularité qui en découle pour s’engager en faveur de causes chère à son coeur. Soutien de Jean-Luc Mélenchon en 2022, la Varoise n’a jamais caché sa sensibilité de gauche, et c’est ainsi qu’elle a pris part à des actions en faveur des sans-papiers ou des squatteurs au fil des années.
Longtemps très visible et diserte sur le sujet, celle qui a glané un César pour « Manon des sources » se fait désormais plus discrète. Elle n’en reste pas moins une observatrice attentive de la scène politique et sociale de son pays, et le constat est clair : elle n’a jamais été aussi secouée et inquiète.
Emmanuelle Béart très honnête sur la montée en force du RN
Dans les colonnes de « Elle », l’actrice a indiqué avoir été très marquée par la période de remous politique des derniers mois. Et la percée du RN semble tout particulièrement la préoccuper :
Ça me glace. J’ai un fils de 15 ans, qu’est-ce que je lui dis de tout ce magma ? Mes autres enfants sont grands, ils ont fait leur chemin, mais lui attend que je lui transmette quelque chose. Il y a dans notre société une montée de la xénophobie et de l’antisémitisme, nauséabonde et terrifiante.
Citant explicitement le parti de Marine Le Pen dans la suite de son propos, Emmanuelle Béart a toutefois tenu à faire passer un message à ceux qui seraient tentés d’utiliser les mêmes arguments qu’il y a 30 ou 40 ans :
Mais on ne peut pas combattre le RN en disant simplement : « C’est des fachos ».
Consciente de sa situation privilégiée par rapport à de nombreux Français, dont certains qui votent pour le RN, celle qui a longtemps partagé la vie de Daniel Auteuil ne souhaite pas s’ériger en donneuse de leçons :
(Ce vote), c’est aussi une manière pour certains Français de dire qu’ils sont en souffrance, qu’ils n’y croient plus, qu’on les a abandonnés et méprisés. Et là je retiens ma parole, car effectivement, moi, je m’en suis sortie.
Néanmoins, l’ambassadrice de l’UNICEF l’assure : son engagement politique et humaniste est intact, mais il se fait désormais plus loin des projecteurs, dans un cadre personnel :
J’ai tendance à moins me jeter à corps perdu dans la bataille dans la sphère publique. Dans la sphère intime, si. La violence du moment ne me donne qu’une envie : y retourner.
Très inquiète vis-à-vis de la situation actuelle en France, Emmanuelle Béart souhaite redoubler son engagement pour apporter sa pierre à l’édifice. En revanche, et contrairement à de nombreuses personnalités de gauche, elle ne souhaite pas forcément condamner les votants RN, qu’elle estime « abandonnés » et « méprisés ». Une prise de position assumée.
