Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Buteur parmi les plus doués de sa génération, David Trezeguet a notamment inscrit son nom dans l’histoire de l’équipe de France en marquant le but en or en finale de l’Euro 2000 face à l’Italie. L’ancien joueur de la Juventus a pourtant grandi en Argentine jusqu’à ses 16 ans, tout en ayant quelques origines françaises. Ce qui lui a valu un traitement parfois un peu particulier…
Du genre discret dans les médias, David Trezeguet n’a jamais été homme à créer des problèmes ou à chercher l’attention. Le bruit, il l’a toujours fait sur le terrain, en inscrivant plus de 300 buts en carrière, dont certains déterminants en club comme en sélection. Avec 34 buts en 71 matchs sous le maillot bleu « Trezegoal » a d’ailleurs accompli un vieux rêve : celui d’être reconnu en France.
Né à Rouen, où son père Jorge finissait sa carrière de joueur professionnel, le tricolore a grandi en Argentine de l’âge de 2 ans jusqu’à 16 ans, quand il est venu se lancer en Europe. À l’époque, le jeune David ne parle pas un mot de français, mais il est déjà particulièrement attaché à ce pays – il supporte Alain Prost en Formule 1, et préfère la France à l’Argentine en cas de match de football ou de rugby. Une anomalie ? Pas vraiment.
Les confidences de David Trézéguet sur sa double nationalité
Conscient de son lieu de naissance, mais aussi du fait que son père avait des ancêtres français, l’ex-attaquant de Monaco a toujours vu l’Hexagone comme un objectif premier, et presque un eldorado. Dans un entretien à TF1, il expliquait ainsi :
Jusqu’à l’âge de 15 ans, à Buenos Aires, j’ai grandi en ayant toujours cette idée de venir en France, surtout par rapport au football, mais aussi pour découvrir un pays dont je me sentais proche. Je me sentais attiré par la culture de ce pays, son histoire, ces personnages. C’était la France, et rien d’autre…
Cet attachement au pays de Michel Platini, Trezeguet le cachait généralement à ses amis d’enfance en Argentine… mais pas toujours. Au point de glaner un surnom dont il ne se plaignait pas du tout – bien au contraire !
L’équipe de France était toujours dans ma tête. Mais je ne portais pas le maillot en public. Cet attachement, je ne le montrais pas à mes potes. Ils savaient que j’étais né en France et Français, donc on me surnommait « El Francés »… Et plus le temps est passé, plus j’ai eu envie de connaître ce pays.
Bien dans sa tête et admiratif des deux pays figurant sur sa carte d’identité, le grand ami de Thierry Henry affirme ne jamais avoir eu de problème pour concilier cette double identité. À l’heure où les bi-nationaux dans le football font l’objet de grands débats, lui assure que tout s’est déroulé sans embûche. Et il a dévoilé sa racette :
Ça a été très simple, oui. J’ai tout fait pour être adopté par un pays, sans oublier mes racines à Buenos Aires. J’ai gardé ma propre mentalité, mais toujours dans le respect du pays qui m’a tout donné. C’est ce mélange de cultures qui fait qu’on respecte beaucoup la France à l’étranger. J’ai entendu beaucoup de choses négatives ces derniers temps sur la bi-nationalité. Mais ce mélange, moi, je l’ai connu en 1998 avec mes coéquipiers en équipe de France. On a été un exemple à suivre pour ça.
Modèle d’intégration, David Trezeguet est tout aussi attaché à l’Argentine qu’à la France, pays dont il s’est toujours senti proche, même lorsqu’il était de l’autre côté de l’Atlantique. Les Bleus peuvent en tout cas se frotter les mains d’avoir pu compter sur un tel joueur, qui restera à tout jamais l’auteur de cette volée rageuse dans la cage de Francesco Toldo un soir d’été 2000.