Par Joël Pütz | Journaliste sportif
Plus grand meneur de tous les temps et cerveau du Showtime des Lakers, Magic Johnson était reconnu comme un excellent leader. Ce qui ne l’avait pas empêché de s’agenouiller devant un rival en 1995… et ce n’était ni Michael Jordan, ni Larry Bird.
Il y a des records qui tombent à la pelle en NBA, et puis il y en a d’autres qui ne sont pas près d’être battus. John Stockton réalise l’exploit d’en détenir deux de ce genre avec 15.806 passes décisives et 3.265 interceptions en carrière. À titre de comparaison, Chris Paul affiche un retard de plus de 1.300 offrandes alors qu’il vient de devenir le deuxième passeur le plus prolifique de tous les temps. Un écart absolument monstrueux.
Doté d’un physique lambda qui lui a valu le surnom du « Comptable », Stockton n’en demeure pas moins un meneur d’exception. La légende du Jazz a emmené les Mormons en Finales NAB à deux reprises aux côtés de son célèbre acolyte Karl Malone et faisait preuve d’un leadership à toute épreuve. Magic Johnson lui avait d’ailleurs rendu hommage après qu’il l’ait dépassé au classement des meilleurs passeurs, en 1995 :
L’énorme hommage de Magic Johnson envers John Stockton
John, d’un passeur à un autre, tu es le plus grand leader d’équipe contre lequel j’ai jamais joué.
Un discours des plus tonitruants qui a été rejoint au fil des années par une multitude d’autres légendes, toutes aussi abasourdies les unes que les autres par le talent et la régularité exceptionnelle de l’ancien pensionnaire de l’université de Gonzaga :
Gary Payton : Je l’idolâtre au plus haut point. Je pense qu’il était probablement… pas sous-estimé, mais tout le monde pensait qu’il n’était pas le guard à craindre, qu’il était probablement facile à affronter. Ils pensaient qu’il était sale. C’était un guard qui n’était pas aussi athlétique que nous, il faisait ce qu’il avait à faire. Nous n’étions pas aussi intelligents que lui. Nous avions la tête tellement grosse que nous pensions que nous pouvions être plus athlétiques que lui et qu’il nous sortait de notre jeu.
Kenny Smith : Je me souviens de ma première année dans la ligue, nous jouions contre le Utah Jazz, Rickey Green était le meneur de jeu titulaire et un certain John Stockton sortait du banc. Il n’était pas encore titulaire. Je l’ai vu venir de Gonzaga, et comme je venais de l’université de Caroline du Nord, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de le voir jouer.
Je suis entré sur le terrain et j’ai dit : « Ce type ne peut pas défendre sur moi, on dirait qu’il vend des assurances ». Il était si petit, il portait un maillot moulant et ce n’était pas à la mode. Puis, au cours du match, il a marqué 20 points et délivré 20 passes décisives, et vous apprenez qui sont ces gars-là.
Isiah Thomas : Il rentrait tous les gros tirs, tous les lancers francs… Il était « le » gars.
Double Hall of Famer et membre de la Dream Team 1992, meilleur passeur et intercepteur de l’histoire : John Stockton a réalisé une incroyable carrière, au point d’être adulé par Magic Johnson. Il ne lui manque finalement qu’une bague de champion…