Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Peu d’athlètes dans l’histoire du sport ont autant fasciné et divisé que Lance Armstrong. Héros adulé outre-Atlantique, mais souvent critiqué ailleurs, le Texan n’a jamais laissé personne indifférent. Dans une interview sans langue de bois, il est revenu sur sa relation compliquée avec la France — un pays qui, malgré ses sept victoires sur le Tour (ensuite annulées pour dopage), ne l’a jamais totalement adopté.
Légende ou disgrâce ? Superstar ou mal aimé ? Lance Armstrong le sait : il a toujours divisé, et peut-être plus encore qu’ailleurs en France. Dans une interview accordée à CNN au début des années 2000, alors qu’il était au sommet de sa domination, Armstrong avait livré un regard sans concession sur sa relation tendue avec l’Hexagone. L’une de ses premières constatations, formulée avec un certain fatalisme, résumait bien son état d’esprit à l’époque :
« Les Français n’aiment pas les gagnants. […] À une époque, j’avais un coéquipier français… Il m’a dit : “Lance, laisse tomber. Dans ce pays, ils n’aiment pas les gagnants.” »
À cette époque, Armstrong avait tenté de se faire accepter. Il faisait des efforts pour parler français, signait des autographes, jouait le jeu médiatique. Mais rien n’y faisait. Le public, souvent méfiant face à sa suprématie et aux rumeurs de dopage qui circulaient déjà, ne lui témoignait que peu de sympathie. Dans cette même interview, il lâchait alors, avec une pointe d’amertume :
« Quand les Français vont-ils m’aimer ? Rien ne marche. On m’a dit de parler français. De sourire, de signer des autographes. Ça n’a pas marché. Ça ne marchera jamais. »
Lance Armstrong peu élogieux avec certains Français
Plus encore que l’indifférence, c’est parfois l’hostilité directe du public qui marquait Armstrong. En tête dans les cols, il n’était pas rare qu’il soit hué ou insulté au bord des routes. Loin de l’affecter, ces réactions semblaient nourrir sa détermination. Il l’exprimait crûment dans une autre formule typique de sa mentalité :
« Chaque fois que je vois un gros Français avec sa bouteille de vin rouge me hurler dessus, c’est la meilleure motivation possible pour moi. Ça me donne juste envie d’y aller et de tout écraser. »
À travers ces mots, on devinait à la fois le mépris pour cette partie du public et une forme de blessure, d’incompréhension. L’Américain, adulé dans son pays comme un modèle de volonté, n’a jamais réussi à conquérir le cœur des Français. Et ce, bien avant que les révélations sur le dopage systémique dans son équipe ne viennent ternir définitivement son image.
Vingt ans plus tard, ces déclarations résonnent toujours comme le témoignage d’un divorce profond entre un champion hors norme et un pays qui n’a jamais voulu l’adopter.