Par Guillaume Kagni | Journaliste sportif
Au début du siècle, l’Europe ne comptait quasiment pas dans le paysage NBA, avec quelques rares joueurs dans la ligue. Aujourd’hui, les talents issus du Vieux Continent sont parmi les meilleurs, et c’est un phénomène expliqué par un quadruple champion.
En 1992, l’ancien commissionnaire de la NBA David Stern affirmait à Michael Jordan et au reste de la Dream Team que leur déplacement à Barcelone révolutionnerait le basket. Il était visionnaire, puisque le sacre de Team USA lors de ces Jeux Olympiques a été le point de départ de l’internationalisation de la ligue. En fait, les conséquences vont sans doute bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer.
Car aujourd’hui, ce sont les étrangers, et plus particulièrement les Européens, qui dominent sur les terrains. Nikola Jokic et Giannis Antetokounmpo cumulent pas moins de 5 titres de MVP, ils ont chacun remporté une bague, et ils sont suivis par des talents hors du commun comme Victor Wembanyama et Luka Doncic. Preuve de cette montée en puissance, Adam Silver a décidé de séparer les Américains et les étrangers pour le prochain All-Star Game.
L’avis d’un champion sur la domination européenne
Mais comment expliquer cette légère inversion dans les rapports de force ? Comment justifier la domination des Européens dans ce pays où la fierté nationale est bien connue ? Invité sur la chaîne YouTube « Vlad TV », le quadruple champion John Salley a donné un élément de réponse. Selon lui, tout serait une question d’environnement et de mentalité :
Je pense que la différence entre les Européens et les Américains aujourd’hui, c’est la jeunesse. Prenons l’exemple d’un jeune qui vient d’un pays où il y a eu une guerre récemment, où il existe encore des tensions ethniques… Ils ont grandi dans des pays encore traumatisés par ces évènements, leur seul instant de détente, c’était sur le terrain de basket. Le sport était un moyen pour eux de mettre tous les problèmes de côté.
Je pense que les joueurs qui viennent de ces régions ont appris à ne pas perdre ce point de vue. Et ils ne veulent pas faire honte à leurs compatriotes. Ils jouent avec une intensité supérieure tout en restant appliqués sur les fondamentaux. C’est le mélange qui manque actuellement aux jeunes Américains. Quand j’ai joué en Grèce, c’était bien plus dangereux qu’ici. Ils peuvent te tuer là-bas, dans la rue, et personne ne saura jamais qui est responsable.
John Salley parle de l’Europe comme d’une zone de guerre, où le basket est l’une des seules échappatoires. Malheureusement pour lui, son affirmation ne colle pas avec la vie de Victor Wembanyama, qui est né en région parisienne et qui n’a jamais connu la guerre. En revanche, son couplet sur les fondamentaux et l’intensité est bien plus pertinent que son analyse géopolitique.