Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Certains rivalités sportives vont au-delà des courts. Quand la compétition se mêle à l’admiration, la frontière entre haine et respect devient floue. C’est précisément ce qu’a évoqué Nick Kyrgios, dans une confession aussi brutale qu’honnête. L’Australien a en effet levé le voile sur son ressentiment passé envers l’un des plus grands champions de l’histoire du tennis en la personne de Rafael Nadal.
Fidèle à son franc-parler légendaire, Nick Kyrgios s’est livré dans une interview à coeur ouvert il y a quelques mois. Il y a parlé d’un homme qu’il a affronté, défié, et même parfois insulté du regard ou par les mots : Rafael Nadal. Bien loin des déclarations policées et convenues, Kyrgios a raconté sans filtre ce qu’il ressentait autrefois en croisant la route du champion espagnol.
Nick Kyrgios entre haine et respect envers Rafael Nadal
Je ne pouvais pas le supporter. Je le détestais, je le haïssais rien que de le voir marcher. C’était un gars qui m’a toujours motivé. Si je jouais contre lui, je me réveillais à fond et j’essayais de jouer le meilleur tennis possible. Je ne ressentais pas cette colère quand je jouais contre Federer ou Novak…
Mais quand je jouais contre Rafa, parce que dans nos académies, chez nous, tout le monde l’idolâtrait, ils disaient : “Il travaille tellement dur, il est ci, il est ça.” Moi, j’étais là : “Je ne peux pas le blairer ce mec.” Je voulais montrer aux gens qu’on pouvait juste s’amuser, être détendu et battre des gars comme ça.
Cette déclaration a le mérite d’être clair. Kyrgios n’a jamais caché son rejet du style « bourreau de travail » de Nadal, et encore moins de l’aura quasi-mythique qui l’entourait aux yeux de certains. Là où d’autres admiraient sa rigueur, sa discipline et son sérieux, l’Australien voyait lui un exemple à ne pas suivre, un opposé complet à sa propre philosophie du jeu : plus instinctive, plus relâchée, parfois provocatrice.
Les tensions entre les deux hommes ont souvent été relayées par la presse. En 2019, Rafael Nadal avait d’ailleurs lui-même remis en cause l’attitude du fantasque Australien, estimant qu’il « ne respecte pas le jeu, le public et lui-même », tout en reconnaissant son immense talent. De quoi alimenter une rivalité médiatisée, entre déclarations à peine voilées et affrontements électriques sur le terrain.
Mais comme souvent avec Kyrgios, les choses ne sont jamais aussi simples qu’elles en ont l’air. Lors de l’annonce de la retraite de Rafael Nadal en 2024, l’Australien avait surpris en publiant un hommage sincère et respectueux, saluant le parcours exceptionnel de son ancien rival. Un signe que, malgré l’antipathie passée, le respect mutuel finit souvent par reprendre ses droits, au moins en coulisses.
Entre admiration cachée, rejet de l’idole collective et volonté de briser les codes, Nick Kyrgios dresse ici un portrait inattendu de Rafael Nadal. Brut, intense, mais profondément humain. Une manière aussi de souligner que derrière les raquettes, il y a des egos, des histoires, et parfois même… des regrets.