Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Il y a quelques années à peine, un jeune talent intrigant faisait l’objet de toutes les attentions à Los Angeles. Présenté comme une pépite au potentiel unique, il avait convaincu les dirigeants de miser sur son avenir plutôt que sur des stars établies. Aujourd’hui, ce même joueur n’évolue plus en NBA, un contraste saisissant qui résume la fragilité des destins dans la grande ligue.
Talen Horton-Tucker, révélé à seulement 20 ans sous le maillot des Lakers, possédait une combinaison rare de taille, de polyvalence et de créativité offensive. L’organisation était tellement persuadée de sa progression future qu’elle avait refusé d’inclure son nom dans un échange potentiel avec Kyle Lowry, alors multiple All-Star. À l’époque, Rob Pelinka voyait en lui un élément clé du futur de la franchise.
Quatre saisons plus tard, ce rêve a disparu. Après des passages décevants à Los Angeles, puis au Jazz et aux Bulls, Horton-Tucker a dû s’exiler en Europe. À seulement 24 ans, il vient de signer avec Fenerbahçe, en Turquie, et devra prouver sur la scène de l’EuroLeague qu’il est encore capable de relancer sa carrière. « De joueur intouchable à un avenir incertain, c’est une chute brutale », résumait récemment un observateur, pointant du doigt l’écart entre les attentes initiales et la réalité.
Un pari coûteux pour les Lakers
La trajectoire de Horton-Tucker prend une dimension encore plus douloureuse quand on se rappelle les choix effectués autour de lui. En 2021, les Lakers ont privilégié sa prolongation à celle d’Alex Caruso. Le meneur défensif, adoré du public et prêt à rester pour deux ans et 20 millions de dollars, a finalement rejoint Chicago. De son côté, THT a reçu un contrat de trois ans à 31 millions. Caruso est depuis devenu un joueur de devoir indispensable, couronné champion cette saison avec le Thunder, alors que son ancien coéquipier peine à exister au plus haut niveau.
Sur le plan individuel, Horton-Tucker n’a jamais confirmé les espoirs placés en lui. Sa meilleure saison, à Utah, s’est soldée par 10,7 points, 3,2 rebonds et 3,8 passes de moyenne, des statistiques honorables mais loin des standards d’un joueur autour duquel construire un projet. Son dernier passage à Chicago s’est conclu par un rôle réduit et des moyennes en baisse, jusqu’à signer la fin de son aventure NBA.
Pourtant, les bases semblaient prometteuses. Avec un gabarit atypique — 1m93 pour une envergure de 2m16 et une carrure puissante — il était censé incarner le profil idéal du guard moderne, capable de défendre sur plusieurs positions tout en créant des décalages en attaque. Mais son manque de régularité au tir, ses décisions douteuses et son inefficacité loin du ballon l’ont empêché de s’imposer durablement.
Cette histoire illustre aussi l’ironie cruelle des choix de management. En refusant d’échanger Horton-Tucker pour Lowry et en laissant filer Caruso, les Lakers ont perdu sur deux tableaux. Lowry a contribué à une nouvelle épopée du Miami Heat, Caruso a gagné un nouveau titre avec OKC, et l’ancienne pépite est désormais contrainte de rebondir loin de la NBA.