Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La série s’est arrêtée pour les Lakers, mais pas pour LeBron James. Malgré une défaite brutale face aux Suns, une lueur a traversé la soirée : la légendaire série de matchs à au moins dix points du King a survécu… de justesse. Un simple tir derrière l’arc a suffi pour repousser l’échéance, relançant un débat passionné autour de ses motivations profondes.
Ce tir a pourtant divisé. Beaucoup y ont vu un geste de “stat-padding”, un effort isolé pour soigner sa feuille plutôt que servir l’équipe. Mais pour d’autres, préserver une série vieille de dix-huit ans relève autant du réflexe compétitif que du symbole. La tension est montée d’un cran lorsque plusieurs observateurs ont commencé à interroger la valeur réelle d’un tel record, surtout pour un joueur qui n’a plus rien à prouver.
C’est Lou Williams qui a le plus vigoureusement pris la défense du quadruple MVP. En répondant aux critiques, l’ancien Laker a expliqué : « Je vois les choses différemment… Rui est sur le terrain, Austin Reaves est sur le terrain, Ayton est sur le terrain, alors pourquoi pas LeBron ? Il restait sept minutes et on a déjà vu des scénarios étranges. » Selon lui, il n’y avait donc aucune raison de blâmer James pour avoir voulu sécuriser ce palier symbolique.
Une obsession du record qui interroge encore
Lorsque Chandler Parsons a demandé si ce record “comptait réellement”, Lou Williams a encore renforcé son propos. « On les veut tous, Chandler. On les veut tous… Si j’étais joueur, je voudrais chaque record disponible. Je suis désolé, je les veux tous. » Ces mots illustrent une mentalité que beaucoup attribuent au King depuis ses débuts : ne jamais laisser une opportunité d’écrire l’histoire lui échapper.
Avec ce tir salvateur, LeBron a porté sa série à 1 297 matchs consécutifs en double figure, un exploit entamé en 2007. La dernière fois qu’il n’avait pas atteint ce seuil, Cleveland avait tout de même gagné, porté par Drew Gooden et Larry Hughes. Depuis, James a systématiquement assuré le minimum en attaque, quitte à lutter dans des soirées plus compliquées. Cette longévité offensive demeure l’une des marques les plus impressionnantes de sa carrière.
Mais un autre défi pointe déjà : maintenir sa moyenne de plus de 20 points par saison, un standard qu’il a respecté durant 22 années consécutives. Cette saison, il plafonne pour l’instant à 15,2 unités sur cinq rencontres, trop peu pour maintenir une telle cadence historique. Son adresse, elle aussi, inquiète : seulement 46 % au tir et un inquiétant 55 % aux lancers francs, le tout sur un volume très faible.
LeBron a toujours relativisé les débuts de saison difficiles, mais le temps ne lui laisse plus autant de marge. Les Lakers n’ont plus besoin d’un James qui porte tout sur ses épaules, mais ils ont impérativement besoin d’un James précis, agressif et capable de dicter le tempo. S’il y parvient, ses records continueront de s’allonger.
