Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Le sentiment d’invincibilité que LeBron James dégage aujourd’hui trouve une origine bien précise dans son parcours. Parmi toutes ses saisons mythiques, une période ressort à ses yeux comme un sommet personnel rarement atteint. Une année où tout semblait se dérouler exactement comme il l’avait imaginé.
Durant ses deux décennies de règne, LeBron a traversé des campagnes d’exception qui auraient suffi à remplir la carrière de n’importe quel autre joueur. Pourtant, il n’a jamais considéré que son ravageur run de 2007 ou son sacre irréel de 2016 représentaient son apogée individuelle. Pour lui, un autre chapitre raconte mieux ce sentiment d’être totalement maître de son basket.
C’est sur le podcast “Mind The Game”, en discutant avec Steve Nash, que LeBron a révélé ce moment précis. Il a décrit l’année 2017-2018 comme celle durant laquelle il se sentait absolument inarrêtable, expliquant en « 2018 — la saison 2017-2018 — je sentais que je ne pouvais rien faire de mal sur un terrain de basket. Offensivement, défensivement, je ne voyais aucun défaut dans mon jeu ». Une impression de maîtrise totale, renforcée selon lui par la faculté « d’avoir l’impression, chaque fois que je posais le pied sur le parquet, de pouvoir faire exactement ce que je voulais — sur les trois niveaux, et de défendre pareil ».
Le sentiment d’être arrivé à son apogée physique et technique
Cette affirmation ne sort pas de nulle part : sa régularité cette saison-là avait de quoi impressionner pour sa dernière pige à Cleveland. James avait enchaîné les 82 matchs de saison régulière — une première dans sa carrière — avant de passer la barre symbolique des 100 rencontres en incluant les playoffs. Il expliquait d’ailleurs que « cette saison-là était probablement ma plus complète […] je n’ai manqué aucun match, ni en saison, ni en playoffs ». Une disponibilité totale à un moment où son équipe avait plus que jamais besoin de lui pour tenir le cap.
Les chiffres confirment cette sensation d’extrême domination, entre scoring chirurgical, organisation offensive permanente et impact défensif constant. Sa campagne de playoffs avait d’ailleurs pris une tournure presque surnaturelle, avec des performances XXL à répétition pour hisser Cleveland jusqu’aux Finales. LeBron avait beau évoluer à son rendement maximal, il s’était heurté à une dynastie des Warriors à son zénith, incapable de renverser seul un collectif aussi dense.
Face à lui, Steve Nash partageait sa propre vision de sa saison la plus accomplie. Au lieu de citer ses années MVP, le meneur choisissait plutôt l’exercice suivant, affirmant qu’il s’agissait du moment où il se sentait en contrôle total de son jeu. À ses yeux, « statistiquement, l’année après mes MVPs était ma meilleure… je me sentais en totale commande ». Une perception fine de ses capacités, révélatrice de ce que ressentent les plus grands lorsqu’ils atteignent un niveau de maîtrise rarement perceptible de l’extérieur.
Nash estimait même que cette saison-là représentait celle où il avait réuni « le plus de jus, de compétence, d’acuité et de contrôle », bien qu’elle n’ait pas débouché sur un succès collectif retentissant. Comme LeBron, il constatait que la sensation d’être au sommet ne dépendait pas toujours des trophées soulevés. Plutôt d’un équilibre fragile entre physique, technique, lucidité et responsabilités.
