Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Quelque chose est en train de naître à San Antonio, et cela dépasse largement le simple retour d’un prodige sur les parquets. Dans l’ombre des projecteurs braqués sur Victor Wembanyama, une dynamique collective s’installe, presque silencieuse. Une identité qui intrigue, surprend, et commence sérieusement à inquiéter le reste de la ligue.
Même sans certitude autour de la présence de Victor Wembanyama, les Spurs n’ont jamais vacillé à l’Ouest. Face à des adversaires plus expérimentés, parfois plus talentueux sur le papier, ils ont affiché une sérénité déconcertante. Comme si le projet allait bien au-delà d’un seul joueur, aussi exceptionnel soit-il.
Cette force s’est d’abord révélée contre Los Angeles. Privée de repères, l’organisation californienne a vu sept joueurs de San Antonio dépasser la barre des dix points, pendant que Stephon Castle et De’Aaron Fox prenaient le contrôle du match. Malgré un retour des Lakers dans le dernier quart-temps, jamais les Spurs n’ont semblé perdre la maîtrise. Leur constance, leur discipline et leur confiance collective ont fait la différence.
Une identité collective devenue arme principale
Le scénario s’est répété face à Oklahoma City, pourtant lancée sur une série impressionnante. Malmenés d’entrée, maladroits derrière l’arc, les Spurs auraient pu paniquer. Ils ont fait l’inverse. Wembanyama, encore limité physiquement, a calmé le jeu en quelques minutes, pendant que le reste du groupe resserrait les rangs. À la pause, l’écart était presque effacé, et le doute avait changé de camp.
C’est cette attitude qui a frappé l’analyste Dusty Garza, impressionné par la maturité affichée. « L’équipe est restée concentrée. Ils sont profonds, vraiment profonds. J’ai même écrit qu’ils ressemblent à un film Marvel : quand un héros tombe, un autre prend le relais », a-t-il expliqué, soulignant l’absence totale de dépendance excessive à une seule star.
Cette profondeur n’est pas qu’un slogan. Elle se traduit par une capacité rare à encaisser les coups, à répondre sans précipitation, et à imposer un rythme qui dérange même les formations les plus huilées. Contre le Thunder, San Antonio a contenu les assauts répétés de Shai Gilgeous-Alexander et forcé Oklahoma City à sortir de sa zone de confort, notamment en seconde mi-temps.
Le style est clair : jeu rapide, agressivité maîtrisée, circulation de balle permanente. Cette philosophie permet aux Spurs de rester dangereux même lorsque Wembanyama n’est pas à 100 %. Loin de se crisper, le groupe semble au contraire libéré par cette responsabilité partagée, chacun sachant exactement ce qu’il doit apporter. Reste désormais à voir si cette force collective suffira pour aller au bout et décrocher un trophée. Une chose est sûre : même sans un Wembanyama omniprésent, San Antonio a prouvé qu’il pouvait faire tomber n’importe qui.
