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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Pendant des décennies, une simple question suffit à enflammer les discussions NBA. Elle traverse les générations, oppose les époques et divise jusque dans les vestiaires. Michael Jordan ou LeBron James ? Derrière ce débat éternel se cache pourtant une nuance rarement explorée : le contexte dans lequel chacun a régné.
Jeff Teague, ancien joueur NBA devenu analyste, a récemment remis cette notion au centre de la conversation. Selon lui, la domination de Jordan et celle de LeBron ne peuvent pas être jugées avec le même prisme. Non pas à cause du talent pur, mais à cause de l’environnement compétitif qui entourait chacun au sommet de sa carrière.
Dans l’esprit de Teague, Michael Jordan a évolué dans une ère où la hiérarchie était limpide. Une fois installé au sommet, personne n’osait réellement contester son statut. À l’inverse, LeBron James a dû partager la lumière, même au cœur de ses meilleures saisons, avec d’autres superstars capables de revendiquer le trône à leur manière.
Une domination sans partage… ou presque
Lorsque l’on observe les années de domination des Bulls, l’argument prend forme. Jordan menait la ligue au scoring, raflait les Finales MVP et privait systématiquement d’autres légendes de leur rêve ultime. Barkley, Malone ou Stockton ont tous buté sur lui. Cette emprise totale a façonné une image presque intimidante, celle d’un alpha incontestable, installé seul tout en haut de la chaîne alimentaire NBA.
C’est précisément ce contraste que Teague a voulu souligner. « Je dis juste à quel point Michael était au-dessus de tout le monde. LeBron est immense, évidemment, mais on entend souvent : ‘Je prends KD’, ‘Kobe ou LeBron ?’. Ça n’a jamais existé avec Mike », a-t-il expliqué, rappelant même une anecdote célèbre où Bob Knight affirmait qu’on pouvait aligner Jordan à n’importe quel poste sans hésiter.
Cette vision mérite toutefois d’être nuancée. Au début de la carrière de Jordan, Magic Johnson et Larry Bird incarnaient encore le visage de la ligue, et Chicago ne dominait pas encore les playoffs. De la même manière, LeBron a connu une longévité et une régularité inédites, terminant quasiment chaque saison au sommet des votes MVP pendant près d’une décennie.
La réalité, comme souvent, se situe entre les lignes. Jordan a bâti son héritage sur une domination écrasante à son apogée, tandis que LeBron a redéfini la grandeur par la durée, l’adaptation et la constance. Comparer leurs règnes revient autant à comparer deux styles de leadership que deux époques radicalement différentes.
