Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
La série de LeBron James avec au moins dix points inscrits en saison régulière s’est arrêtée à 1 297 matchs consécutifs, un record absolu débuté le 6 janvier 2007. Face aux Raptors, lors d’une victoire des Lakers 123-120, la star californienne a terminé avec seulement huit points. Une anomalie statistique rare, la première du genre depuis près de 19 ans.
Pour beaucoup, la fin d’un tel record aurait pu être vécue comme un événement presque traumatisant. Mais du côté de James, le regard est tout autre. Fidèle à sa réputation, le vétéran a immédiatement replacé cet épisode dans une logique collective, loin de toute obsession personnelle pour les chiffres ou les lignes dans les livres d’histoire.
Présent dans son podcast Mind the Game, LeBron a tenu à clarifier sa vision, expliquant qu’il n’avait jamais abordé cette série comme un objectif en soi. « Je regarde toujours la feuille de stats, je sais combien de points j’ai à un moment donné, je ne vais pas mentir. Mais je n’ai jamais commencé un match en me disant : “Il faut absolument que je mette 10 points pour continuer la série”. Ce serait me manquer de respect, ainsi que ma manière de jouer au basket », a-t-il confié.
Une décision assumée dans le money time
Cette philosophie s’est illustrée concrètement dans le money time du match face à Toronto. En difficulté au tir, LeBron n’a pas forcé. Au contraire, il a accepté son manque de rythme offensif et s’est tourné vers ce qu’il estime être sa force constante : la création pour les autres.
Conscient que la série allait s’arrêter, James a néanmoins refusé de la préserver artificiellement. Sur une dernière possession décisive, alors que le score était serré, il a attiré la défense avant de servir Rui Hachimura, auteur d’un tir à trois points au buzzer. Un choix qui a offert la victoire aux Lakers, mais qui a aussi définitivement mis fin au record.
LeBron ne cache pas qu’il était pleinement conscient de la situation. « Oui, j’étais totalement au courant. Je n’étais pas dans le rythme ce soir-là. Mais il y a une chose que j’aurai toujours, c’est la capacité à attirer la défense et à donner le ballon au bon moment, au bon endroit », a-t-il expliqué. Il évoque même un tir à trois points ouvert qui aurait pu lui permettre de dépasser la barre des dix unités, mais qui a symbolisé sa soirée compliquée. « Le ballon a touché l’arceau, le panneau, est revenu sur l’arceau… puis est ressorti. Je me suis dit : “Ok, c’est une de ces soirées-là.” »
Plutôt que de s’entêter, James a choisi la lucidité. Avec 11 passes décisives, il a pesé autrement sur le jeu, acceptant que l’impact ne se mesure pas toujours au nombre de points. Dans son esprit, sacrifier une action collective pour sauver un record individuel n’a jamais eu de sens.
