Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Quelque chose est en train de prendre forme à San Antonio, presque discrètement. Les résultats parlent d’eux-mêmes, mais la manière intrigue encore davantage. Dans une ligue obsédée par les hiérarchies claires, une équipe ose brouiller les rôles sans perdre en efficacité.
Depuis le début de la saison, la franchise texane avance avec une configuration audacieuse. Trois meneurs, trois profils différents, une même volonté de faire avancer le collectif. Loin d’un simple bricolage tactique, cette rotation est devenue l’un des moteurs d’un bilan solide et d’une identité en pleine construction.
Stephon Castle incarne parfaitement cet état d’esprit. Déjà confirmé après un titre de Rookie de l’année, le jeune arrière assume aujourd’hui davantage de responsabilités, sans chercher à écraser ses partenaires. À ses côtés, l’expérience de De’Aaron Fox et l’énergie de Dylan Harper composent un trio dont l’alchimie dépasse les attentes initiales.
Une rotation qui libère le jeu et les responsabilités
C’est justement cette connexion qui a frappé Castle après la victoire serrée face au Thunder en demi-finale de la NBA Cup. « On est trois arrières avec un gros QI basket, et honnêtement, on se fiche de savoir qui va finir le travail. Quand tu t’entends bien avec tes coéquipiers en dehors du terrain, tout devient plus simple dessus. On partage le ballon, on est une équipe profonde, et n’importe qui peut prendre feu un soir donné », a-t-il expliqué, résumant la philosophie collective qui anime le vestiaire.
Sur le terrain, cette approche se traduit par une attaque plus fluide et moins prévisible. Castle affiche des statistiques en nette progression, tout en restant un défenseur fiable et engagé. Fox, malgré un début de saison retardé par une blessure, s’est imposé comme le chef d’orchestre naturel, capable d’accélérer le tempo ou de calmer le jeu selon les besoins.
Harper, lui, apporte un punch précieux en sortie de banc. Sans forcer, il s’intègre dans les temps forts et accepte un rôle modulable, ce qui renforce l’équilibre général. Cette complémentarité permet au staff de varier les schémas et d’éviter une dépendance excessive à Victor Wembanyama, même lorsque celui-ci est sur le parquet.
Au-delà des chiffres, c’est la maturité collective qui impressionne. Chacun semble accepter ses soirs plus discrets, convaincu que l’équipe y gagnera sur la durée. Cette absence d’ego mal placé est rare pour un groupe aussi jeune, et elle explique en grande partie la constance affichée au classement.
