Pro A : Paul Lacombe – The Sixth Man !

La LNB nous offre un grand entretien avec Paul Lacombe (23 ans, 1m95), joker de luxe de Vincent Collet en sortie banc cette saison. Voici les meilleurs moments de l’interview de l’ancien Villeurbannais, sélectionnés par Parlons Basket.

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Vous venez de perdre à domicile de 19 points contre l’ASVEL, comment expliques-tu une si large défaite à la maison ?

Je ne pense pas que l’ampleur de la défaite révèle le match. Les 19 points, c’est surtout dans les deux dernières minutes où on a lâché. Après sur le match, on a joué trente minutes. Ensuite, l’ASVEL a été costaud tout le match, on a réussi à contrôler Edwin Jackson mais il y a d’autres joueurs qui nous ont fait mal. Ca prouve qu’ils sont en bonne forme.

C’est d’autant plus frustrant pour toi que l’ASVEL est ton ancien club.

Oui, c’est totalement frustrant. J’avais à cœur de montrer que j’ai évolué et je voulais gagner ce match car c’est toujours bien de gagner contre son ancien club. On manquait un peu d’énergie, une rotation en plus aurait fait du bien.

Il s’agit de votre deuxième défaite de suite puisqu’avant cela, vous aviez perdu contre Cholet. Penses-tu que Strasbourg traverse une mauvaise passe ?

On ne le voit pas forcément comme ça mais c’est vrai qu’on n’est pas forcément dans notre meilleure dynamique de la saison. Mais je remarque que saison après saison, c’est souvent après la Leaders Cup que les équipes de tête ont des périodes de creux. Avec l’ASVEL, j’avais vécu ça en 2009. En plus, nous on a lâché énormément de gaz avec la coupe d’Europe où on ne s’est pas qualifié. On a aussi perdu Ricardo Greer tout récemment.

Le départ de Ricardo Greer a surpris pas mal de monde. C’est un  personnage majeur de la Pro A de ces dix dernières saisons et cela s’est fait très rapidement. Comment le groupe a-t-il vécu ce départ ?

On a tous été surpris, joueur comme staff. On ne s’y attendait pas vraiment. Cela fait partie des choses de la vie mais il faut aller de l’avant même si les premiers jours, on peut dire ce que l’on veut, ce n’est pas évident à gérer.

« On aurait bien aimé prendre la Coupe de France ou la Leaders Cup »

 

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Paul Lacombe affiche ses meilleurs stats en carrière cette saison

Son départ fait qu’il n’y a plus qu’un poste 4 dans la rotation, en l’occurrence Tim Abromaïtis, d’autant que le club n’a pas réussi à trouver un remplaçant à temps. Comment allez-vous vous adapter à cette absence ?

Je laisse ça au coach, mais c’est sûr que Jérémy Leloup va devoir devenir poste 4. Ce n’est pas forcément évident pour lui parce que je ne suis pas sûr qu’il ait déjà évolué en tant que poste 4 par le passé. Mais on a vu cette année qu’en jouant small ball, on pouvait être performant. Après le départ d’Alexis Ajinça, Ricardo Greer a évolué en poste 5 et on est allé battre Orléans, Roanne, Milan à la maison. Quand on joue small ball, ça a son avantage aussi parce qu’on court beaucoup plus, on se bat beaucoup plus et peut-être que ça va nous faire du bien.

Vous avez récemment raté la qualification en 8e de finale de l’Eurocup, vous avez été éliminés en demi-finale de la Leaders Cup et vous n’êtes plus qualifiés non plus en Coupe de France. Mine de rien, Strasbourg a déjà manqué pas mal de ses objectifs.

Oui. On se fait éliminer de la Coupe de France pour jouer la coupe d’Europe à fond. On se fait éliminer en demi-finale de la Leaders Cup parce qu’on manque totalement de gaz sur le deuxième jour contre Le Mans. Et au final on n’arrive pas à chercher cette qualification en coupe d’Europe alors qu’on avait les cartes en main. C’est vraiment une déception, il ne nous reste que le championnat alors qu’on aurait bien aimé prendre la Coupe de France ou la Leaders Cup.

Le fait de n’avoir plus qu’un objectif, n’est-ce pas plus facile quelque part ?

C’est plus facile dans le sens où on aura une semaine pour préparer nos matches, ce qui est très important. C’est plus facile dans le sens où nos trentenaires pourront se reposer, parce que mine de rien, on a une équipe qui a vieilli au milieu de la saison. Après, ne plus avoir qu’un seul objectif peut rajouter de la pression, ne serait-ce qu’inconsciemment.

« Ces deux dernières années à l’ASVEL, j’avais beau en vouloir à la Terre entière, en y repensant aujourd’hui je me dis que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même »

 

D’un point de vue personnel, tu montres des choses très intéressantes cette saison, notamment à la Leaders Cup où tu as sans doute été le meilleur strasbourgeois sur la compétition. Estimes-tu jouer ta meilleure saison depuis tes débuts chez les professionnels ?

Surtout, j’ai vraiment senti une réelle progression depuis mon arrivée à Strasbourg. C’est vraiment le plus intéressant pour moi. En six mois à Strasbourg, j’ai senti que j’avais grandi à tous les niveaux. Donc ça ne va choquer personne si je dis que c’est ma meilleure saison chez les pros.

Pour toi qui es de la région lyonnaise et qui as été formé à Villeurbanne, c’était important de quitter l’ASVEL pour franchir une nouvelle étape ?

Si j’avais pu rester toute ma vie à l’ASVEL, ça ne m’aurait pas dérangé. Après le fait est que je n’évoluais plus, rien ne changeait pour moi, c’était impératif que je parte. A tous les niveaux : que je m’éloigne de ma famille et de mes amis, que je ne me concentre plus que sur le basket. Donc oui, c’était important, j’avais besoin de partir.

La présence de Vincent Collet, ton ancien entraîneur à l’ASVEL, cela a joué dans ton choix de venir à Strasbourg ?

Complètement. Au départ, j’avais deux vrais contacts, Antibes et Strasbourg. Antibes pour Jean-Aimé Toupane (son ancien coach en équipe de France de jeune, aujourd’hui parti d’Antibes) et Strasbourg pour Vincent Collet. Mais il se trouve que ma copine joue aussi en basket, en NF1, et Strasbourg me permettait d’évoluer dans un bon club de Pro A et lui permettait à elle d’évoluer à haut niveau aussi. Donc c’était vraiment le meilleur choix.

Jusqu’à présent, tu as toujours eu un rôle de booster en sortie de banc, ce qui a été particulièrement visible à la Leaders Cup. A l’avenir, souhaites-tu obtenir un statut différent, un statut de titulaire par exemple ?

Si je devais rester dans ce championnat de France, bien sûr que j’aimerais évoluer. Aujourd’hui je suis obligé d’être dans ce rôle parce que je ne vois pas le basket autrement pour l’instant. Je ne peux pas me permettre de ne pas être un booster quand je rentre. Après, plus tard en vieillissant, peut-être que ce rôle changera. Mais mes ambitions si l’avenir me le permet, ce serait d’évoluer dans un championnat étranger, et dans ce cas, pourquoi ne pas conserver ce rôle ? C’est celui qui me va le mieux en France donc peut-être que je pourrais l’exporter à l’étranger. Mais je ne me pose pas trop la question. J’ai déjà franchi un grand pas cette année, je ne vais pas dire que je reviens de loin mais personne ne s’attendait à ce que je sois à ce niveau, donc c’est déjà bien, ne sautons pas les étapes.

« Strasbourg était vraiment le meilleur choix »

 

En Alsace, Lacombe a retrouvé Vincent Collet, son ancien entraîneur à l’ASVEL

 

Tu étais très coté en championnat de France espoir, tu as été champion d’Europe des moins de 20 ans avec un rôle très important en 2010, on aurait même pu s’attendre à te voir progresser plus rapidement que ce que tu as montré ces dernières années. Comment expliques-tu ce cheminement ? Penses-tu être un peu en retard sur ton plan de carrière ?

Oui et non. Je ne pense pas être en retard sur mon plan de carrière mais ce qui est sûr c’est que j’ai raté deux ans. Ces deux dernières années à l’ASVEL, j’avais beau en vouloir à la Terre entière, en y repensant aujourd’hui je me dis que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Au fil du temps, je me suis laissé aller, j’ai arrêté de travailler sur mes lacunes, sur ces choses qui m’auraient permis d’évoluer. Quand on est en espoir, on domine, on travaille un peu et ça nous permet d’avoir quelques minutes chez les pros. Après on devient pro, on veut plus de minutes mais si on ne nous donne pas les moyens de réussir, ce n’est pas possible. Pendant deux ans, je disais : c’est la faute d’untel, d’untel. Mais quand j’y repense… Ce ne sont pas deux années foutues en l’air parce que malgré tout j’ai des bons souvenirs mais c’est sûr que je regrette de ne pas avoir plus travaillé individuellement en dehors des entraînements, par moi-même.

A l’ASVEL, tu alternais beaucoup entre le poste 1 et le poste 2, or, aujourd’hui à Strasbourg, tu es surtout utilisé dans un profil d’arrière shooteur. N’est-ce pas davantage ton jeu ?

Je pense que dans le basket moderne les joueurs ont de plus en plus besoin de jouer sur deux postes différents. Mais c’est sûr que le poste de meneur de jeu n’est jamais évident. En début de saison, quand Antoine Diot était blessé j’ai joué meneur et je m’en suis pas trop mal sorti je pense, en tout cas Vincent (Collet) était satisfait de mon rendement. Personnellement, j’aime bien jouer meneur malgré que je sois un peu trop feu-follet dès fois.

Mais n’es-tu pas davantage à l’aise dans la percussion plutôt que dans la gestion du rythme, qui est inhérente au poste de meneur ?

Si, complètement. Je ne pense pas pouvoir un jour jouer meneur titulaire, ça j’en suis sûr, parce qu’il faut une énorme concentration pour pouvoir anticiper les choses et ce n’est pas toujours évident. Mais je pense avoir les capacités pour assurer en tant que deuxième meneur. Aujourd’hui, de plus en plus d’arrière en sont capables aussi. Mais je ne serai jamais un meneur pur.

Pour le moment David Andersen est encore assez loin du rendement d’Alexis Ajinça avant son départ pour la NBA. Ricardo Greer a quitté le club et ne sera pas remplacé. Finalement, la SIG n’était-elle pas plus forte intrinsèquement il y a trois mois qu’elle ne l’est aujourd’hui ?

Je ne pense vraiment pas parce que je me souviens des matches qu’on a fait contre Le Mans, contre Paris, contre Berlin. On a un peu moins de réussite en ce moment, on est peut-être un peu plus fatigué mais je ne pense pas qu’on soit moins fort. Après, c’est vrai que David Andersen n’est pas encore à son meilleur rendement mais personne ne doute de lui. C’est un grand joueur et il travaille pour retrouver son niveau.

Pour la prochaine journée, vous vous rendez à Limoges, une équipe qui évolue dans les mêmes eaux que vous et que vous aviez largement battue à l’aller (92-70). Que penses-tu de ce match ?

Pour moi, c’est toujours un match piège quand on gagne facilement à l’aller. On a toujours tendance à se dire que ça va aller et il y a toujours une envie de revanche pour l’autre équipe. En plus ils viennent de faire une grosse performance à Orléans donc c’est clair ça ne va pas être évident. D’autant que comme je l’ai dit auparavant, on n’est peut-être pas dans notre meilleure période. Beaublanc est de plus la salle la plus chaude de France donc ça va être un contexte vraiment particulier.

 

par LNB
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