NBA – Analyse : autopsie de la débâcle Aldridge

Le sweep aux mains des Warriors désormais acté, les Spurs vont faire le bilan de leur saison. Au premier rang des déceptions figurera à n’en pas douter LaMarcus Aldridge…

Bien sûr, les absences de Tony Parker et Kawhi Leonard rendaient la tâche des Spurs quasi-impossible. Bien sûr, les Warriors sont une des meilleures défenses de la ligue. Mais rien n’effacera le goût amer qu’ont les fans de San Antonio après la campagne de LaMarcus Aldridge, achevée sur un match à 8 points à 4/11, le deuxième de la série.

Comment expliquer que le plus gros free agent de l’été 2015, signé pour plus de 80 millions de dollars sur 4 ans, prenne tout droit la direction d’un flop ? Plusieurs éléments de réponse.

Un problème d’adaptation et de basket

Les Spurs sont une franchise à part, avec une identité à part. Le joueur doit se fondre dans le collectif sur et en dehors du terrain, en oubliant ses stats, son égo. Arrivé avec un gros contrat dans sa poche, LaMarcus Aldridge était attendu comme le franchise player. Avec l’éclosion de Kawhi Leonard, il en est devenu le lieutenant. Après une première saison régulière réussie (18 points et 8 rebonds de moyenne), on attendait une confirmation. On a eu une régression.

Pas sûr de lui sur le terrain, LA a trop souvent refusé des shoots quand il aurait du les prendre, ou pris des shoots quand il aurait du passer. Pourtant mis dans des conditions idéales par Tony Parker et ses coéquipiers au poste et bas et sur le pick-and-roll, il a régulièrement tergiversé et manqué de rythme. On imagine la déception de Gregg Popovich, qui avait troqué son Spurs Basketball basé sur le mouvement et les passes pour plus d’isolation et de poids à l’intérieur. En ce qui concerne la défense, Aldridge s’est plutôt bien fondu dans le système des Spurs, même si ce domaine s’est incontestablement affaibli chez les Texans depuis le départ de Tim Duncan.

Un problème mental

Le plus gros problème de LaMarcus Aldridge est peut-être dans sa tête. Trop irrégulier, il a surtout complètement coulé dans les playoffs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 16.5 points de moyenne à 46% et 7,4 rebonds, ses deux plus piètres performances dans ces catégories depuis le début de sa carrière. En difficulté contre Houston malgré son avantage de taille (« ce n’est pas si facile que ça en a l’air », avait-il expliqué), il s’est écroulé contre les Warriors en l’absence de Leonard, incapable de devenir, même le temps d’une série, le franchise player que les Spurs espéraient quand ils l’ont signé. Que son coach le soutienne ou le secoue, il n’a pas su se reprendre. Mentalement friable, il a montré un langage corporel qui a beaucoup déplu aux fans des Spurs, prompts à le taxer de manque de cœur, d’envie et d’agressivité.

Un plafond de verre

Finalement, n’a-t-on pas trop attendu de LaMarcus Aldridge, et les Spurs les premiers ? Avait-il les outils et le pedigree pour prendre en main l’ère post-Duncan dans une franchise marquée par une telle tradition d’excellence ? LA est arrivé au Texas avec la réputation d’un très bon intérieur, all-star, et à juste titre. Mais il jouait à Portland, dans une équipe dévolue à sa cause, et qui n’avait jamais franchi le deuxième tour des playoffs. A l’évidence, être franchise player lors d’une finale de conférence était une marche beaucoup trop haute pour Aldridge, tant sur le plan du jeu que du mental. Ainsi, il est possible qu’il n’ait tout simplement pas ce qui est requis pour être un vrai grand joueur, capable de porter une franchise jusqu’au bout. S’ajoute enfin à cela la question de l’âge, puisque le L-Train va souffler cet été ses 32 bougies, laissant supposer que ses meilleures années sont bel et bien derrière lui.

Pris en grippe par une partie des fans après des playoffs manqué, LaMarcus Aldridge voit donc son avenir au Texas s’inscrire en pointillés. Si une bonne opportunité se présente pour se débarrasser de son gros contrat, nul doute que les Spurs y réfléchiront à deux fois.

 

 

NBA 24/24

Les dernières actus