NBA – Dikembe Mutombo explique l’origine de son célèbre « finger wag »

Le "finger wag" de Dikemebe Mutombo est un geste marquant de l'histoire de la NBA qui a influencé un grand nombre de joueurs
(DR)

Le « finger wag » de Dikembe Mutombo est sans doute l’une des célébrations les plus marquantes de l’histoire de la NBA, et qui a en popularisé une multitude d’autres au fur et à mesure des saisons. Mais c’était aussi pour Deke une façon de se faire accepter au sein de la ligue.

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Dikembe Mutombo est né le 25 juin 1966 à Kinshasa en RDC, à l’époque encore appelée Zaïre. Il ne commence à jouer au basket qu’assez tard, mais intègre tout de même la sélection jeunes. Il est repéré par hasard en 1986 par un ancien coach, alors diplomate pour les USA. Celui-ci en fait mention à John Thompson Jr, le coach de Georgetown, et Mutombo intègre la prestigieuse université en 1987.

Inconnu à son arrivé, son coach l’a même décrit comme un meneur d’1.80m, alors qu’il mesure tout de même 2.18m. Inéligible pour jouer la première année à cause d’une erreur de la NCAA, Mutombo est encore très tendre, si bien qu’il se faisait souvent contrer par des coéquipiers mesurant 30cm de moins que lui. Lors de sa deuxième saison, il ne joue que 11 minutes par match, et dans l’ombre de la star Alonzo Mourning. Pourtant, la chance lui sourit lors d’une rencontre contre St John’s. Le coach l’appelle pour suppléer Mourning, qui avait commis deux fautes très rapides.

Le coach m’a dit « Petit, je vais te faire rentrer. Je sais que tu ne joues pas, et je ne vais pas beaucoup t’en demander. Tout ce que je veux est que tu ailles sur terrain, que tu contres les tirs et prenne les rebonds. N’essaye pas de marquer ! Ne fais rien. »

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Le résultat ne s’est pas fait attendre puisque Mutombo termine la rencontre avec 12 contres, un record à l’époque (l’actuel est de 16 par Mickell Gladness en 2007). Son potentiel défensif éclate au grand jour, et il forme un redoutable duo avec Mourning, baptisé « Rejection Row » par les journalistes. Sur ses deux dernières saisons à Georgetown, il est nommé Meilleur Défenseur de la NCAA, et affiche des moyennes de 13.0 points, 11.3 rebonds et 4.4 contres.

Mutombo a déjà 25 ans quand il se présente à la draft en 1991. Cela ne l’empêche pas d’être sélectionné en 4ème posititon par les Nuggets. Selon leur ancien GM Bernie Bickerstaff, la décision a été rapide à prendre.

Il n’y avait aucun doute sur notre choix de draft. Nous voulions reconstruire toute la franchise. Dikembe était un point de départ.

Mutombo dispute 18 saisons en NBA, au cours desquelles il s’impose comme l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire. Il est 8 fois All-Star, sélectionné 3 fois dans une équipe All-NBA, et décroche 4 trophées de Meilleur défenseur (1995, 1997, 1998, 2001), record partagé avec Ben Wallace. Il est également 5 fois meilleur contreur et 4 fois meilleur rebondeur. Il dispute deux Finales NBA, en 2001 avec les 76ers et en 2003 avec les Nets, mais échoue à remporter le titre. Il est introduit au Hall of Fame en 2015. Ses moyennes en carrière sont de 9.8 points, 10.3 rebonds et 2.8 contre, en 1196 matchs disputés.

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Évidemment, ce qui a fait la renommée de Mutombo durant sa carrière était sa capacité à défendre près du cercle. Il comptabilise d’ailleurs le deuxième plus grand nombre de contres en carrière. Avec 3289 tirs renvoyés, il est celui qui se rapproche le plus de l’intouchable Hakeem Olajuwon (3830 contres).

Mais c’est surtout son move signature qui l’a rendu très populaire auprès des fans, le fameux « non » du doigt adressé à ses adversaires après un contre. Celui-ci, ainsi que le slogan « Not in my house », s’est très vite diffusé. S’il ne se souvient pas du moment où il l’a fait pour la première fois, Mutombo explique très bien pourquoi il a commencé à le faire : par volonté de reconnaissance de la part des autres joueurs.

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J’avais l’habitude de contrer tellement de tirs, et si vous regardez quelques unes de mes vidéos, je secouais simplement ma tête. Mais c’était comme si les gars ne comprenaient pas. Je demandais du respect. Depuis mon année de rookie, je me suis dit qu’il fallait que j’arrive à trouver quelque chose quand je dominais le match. Secouer ma tête n’était pas suffisant. Peut-être qu’en leur disant dans les yeux « Hey, ne te ramène pas ici » le message rentrerait dans leurs têtes. Et ça a marché. Des mecs comme Shawn Kemp et Vince Carter, ils pensaient qu’ils pouvaient venir. Ils m’ont aidé à battre des recors. Je remercie chacun d’antre eux.

Au final son « finger wag » est très vite devenu sa marque de fabrique, en particulier lors de sa période à Atlanta entre 1996 et 2001 (il est transféré en février à Philadelphie). Si les fans appréciaient beaucoup le geste, ses adversaires beaucoup moins. Son ancien coéquipier Steve Smith décrit parfaitement leur état d’esprit après s’être fait contrés.

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Le finger wag était au plus haut à Atlanta. Il contrait des tirs, prenait des points aux adversaires, et le faisait aux joueurs et aux public. Les gens détestaient ça quand on jouait à l’extérieur. Vous pouviez sourire quand il le faisait, car il semblait que c’était aussi efficace qu’un trash-talking de Larry Bird, Michael Jordan ou Gary Payton, parce que le gars tirait un floater au lieu de faire une passe ou de poser le jeu. C’était comme s’ils se disaient dans leurs têtes « Je vais dunker sur Dikembe ». Peu importe le score, peut importe la possession, ils voulaient dunker sur Dikembe pour qu’il n’agite plus son doigt. Il rentrait dans la tête de tout le monde. Il m’a aidé en tant que joueur à reconnaitre que le joueur ne va pas marquer. Il va être contré ou Dikembe va commettre une grosse faute sur lui. C’était amusant. Je suis certain que ce n’était pas amusant de jouer contre lui.

Le « finger wag » a également tapé dans l’œil de la ligue, et pas de la meilleure des façons. Mutombo recevait beaucoup de fautes techniques de la part des arbitres, et David Stern l’a même appelé pour lui demandé d’arrêter.

J’ai reçu un appel du commissaire, qui m’a dit que ce serait mieux si j’arrêtais d’agiter mon doigt en direction des joueurs. Je n’ai pas pris son avis en compte. J’ai continué tout en recevant des fautes techniques.

S’il se servait du « finger wag » pour chambrer ses adversaires Mutombo a aussi profité de sa grande notoriété pour alerter sur l’état sanitaire de son pays natal. En 1997, il crée une fondation à son nom et en 2007, il ouvre un hôpital à Kinshasa après avoir investi personnellement 23 millions $ sur les 29 du projet, et avoir fait une collecte au sein de la ligue.

Le finger wag est une identité à laquelle les gens peuvent facilement se raccrocher. Je peux aider avec une campagne qui dit «Non, non, non. Nous voulons dire « non » à la polio, « non » à la malaria ». […] Avec le finger wag, j’ai pu récolter beaucoup de dollars de la part d’entreprises et d’individus pour sauver des vies en Afrique. Mon rêve était de devenir docteur. Il a été transformé par la construction d’un hôpital mais porte la même mission.

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Au final, Dikembe Mutombo aura réussi son pari. Il a obtenu une grosse reconnaissance de la part es joueurs et des fans. Son « finger wag » a inspiré la génération suivante, et de plus en plus de joueurs ont commencé à avoir une célébration caractéristique après une action spectaculaire, qu’elle soit offensive ou défensive. Et le joueur n’est pas près d’être oublié de sitôt.

Étant à la retraite, je n’ai vais jamais pensé à ce que votre nom puisse être vu comme une icône pour quelque chose. Une nouvelle génération peut m’identifier juste avec le finger wag. Le wag m’a donné une identité. Je m’étais fait la promesse qu’au moment de prendre ma retraite, on se souviendrait de moi. Je savais que l’on se souviendrait de moi pour tous ces tirs contrés. Je montrais au monde qui j’étais.

Défenseur craint et renommé, Dikembe Mutombo a également introduit un nouveau type de célébrations au sein de la NBA, qui fait le bonheur des joueurs actuels. Mais il serait quand même bien que les arbitres arrêtent de donner des techniques à tout le monde juste pour avoir un peu chambré l’adversaire.

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