Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Véritable génie de la chanson française, malheureusement parti trop tôt, Michel Berger a laissé un héritage musical conséquent derrière lui. D’ailleurs, alors que l’un de ses projets les plus aboutis est de retour sur le devant de la scène, une phrase qu’il détestait entendre a été révélée par l’un des collaborateurs de ce même projet. Une phrase qui, d’ailleurs, en dit long sur l’approche de l’artiste.
C’est à seulement 44 ans que Michel Berger s’est éteint un funeste jour de 1992, terrassé par une crise cardiaque après une partie de tennis. Il faut dire que certaines précautions n’avaient pas été prises, ce qui a rendu France Gall absolument folle de rage jusqu’à son dernier jour. Mais malheureusement, nul ne peut être ressuscité, et voilà plus de 30 ans que l’interprète de « Chanter pour ceux » n’existe plus qu’à travers nos souvenirs et son oeuvre.
Parmi les innombrables tubes qu’il a composés pour lui et pour les autres, Berger a peut-être signé son plus grand coup de maître avec l’ambitieux Starmania, un opéra rock qu’il a composé intégralement sur un livret de Luc Plamondon. Véritable carton à l’époque, le show est de nouveau en tournée dans toute la France et à Paris, avec un succès qui ne se dément pas.
Michel Berger avait un avis tranché sur Starmania
Récemment invité de « Télématin », Thomas Jolly, qui est metteur en scène de ce projet « Starmania 2.0 », a d’abord tenu à rappeler à quel point le projet de Berger était ambitieux et novateur à l’époque, ouvrant la voie à tout ce qui a suivi en France :
C’est une bande de trentenaires qui a envie d’inventer quelque chose de nouveau, qui n’existait pas. On a eu, depuis, plein de comédies musicales, Les Dix Commandements, Notre Dame de Paris, Roméo et Juliette, etc. Mais, à l’époque, en France, ce n’est pas du tout un genre en vogue.
Au-delà du seul concept, c’est tout le contenu du spectacle qui était novateur. Jolly fournit notamment un exemple, parmi tant d’autres :
L’histoire, le fond, peu de gens la connaissent. Par exemple dans le spectacle, Starmania, c’est le nom d’une émission de télévision, pour devenir une star, comme beaucoup d’autres programmes qui existent, un peu comme la Star Academy, mais en 1978, du coup !
Une chose est certaine : plutôt que continuer dans les sentiers battus, Michel Berger voulait casser les codes et proposer quelque chose d’inédit au public. Et alors qu’on parle aujourd’hui de « comédies musicales », le mari de France Gall, lui, réfutait totalement ce terme de comédie. Il s’agissait selon lui d’un spectacle musical, dans toute sa noblesse, et en rien d’une « comédie ». D’ailleurs, gare à ceux qui osaient prononcer ce terme en sa présence, comme le rappelle Thomas Jolly :
D’ailleurs, Michel Berger ne voulait pas qu’on dise de Starmania que c’était une comédie musicale, il préférait spectacle musical.
Grand perfectionniste devant l’éternel, Michel Berger n’estimait en rien avoir signé une « comédie » musicale, mais bel et bien un spectacle, un morceau d’art qui méritait (et mérite) d’être nommé en tant que tel. Une précision importante à l’heure où le retour de cet opéra rock triomphe, et ravit toutes les générations. L’auteur de ces lignes ne peut d’ailleurs qu’attester de la claque que constitue ce spectacle…