Par Elsa Girard-Basset | Journaliste web
Alors qu’il essayait de s’extirper de l’image de Jean-Claude Dusse qui lui collait à la peau, Michel Blanc a obtenu un rôle déterminant en 1986 dans « Tenue de soirée » de Bertrand Blier. À cette occasion, l’acteur a fait la rencontre de Gérard Depardieu, au sommet de sa gloire. Alors quels étaient les rapports entre eux ? La réponse du principal intéressé a de quoi surprendre.
Connu pour signer des films transgressifs, Bertrand Blier a frappé fort avec « Tenue de soirée ». Dans cette comédie noire sans filtre, qui traite notamment de l’homosexualité à une époque où les films sur le sujet n’étaient pas légion, le réalisateur a réuni deux aimants contraires : Michel Blanc, chétif et loser sur les bords dans ses rôles, et Gérard Depardieu, colosse viril à la carrure d’armoire.
Comment Michel Blanc a dompté Gérard Depardieu
Très heureux d’avoir été sollicité par Blier alors qu’il n’y croyait plus, l’acolyte de Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot et consorts a rapidement compris l’importance que ce rôle pouvait revêtir dans sa carrière. Et pour s’y préparer au mieux, il n’a pas dérogé à sa règle : aller se mettre au vert à New York. Une idée qui n’a pas franchement plu à Depardieu…
Dans un entretien accordé à Première, Blanc a raconté comment il n’a pas reculé face au golgoth, ouvrant ainsi la porte à une relation saine et amicale :
Lors de notre première rencontre, il m’est rentré dedans. A cette époque, j’avais pour habitude de partir quelques jours à New York avant chaque tournage. Gérard m’a expliqué que ça l’avait fait chier de me savoir là-bas, alors qu’on avait un film à faire. Je lui ai répondu que je fonctionnais ainsi et qu’il ne me changerait pas.
Or, comme tous les grands fauves, rien ne l’excite plus que la peur de l’autre. Et comme je n’ai pas eu peur de lui, on est devenus très potes et on s’est régalés sur le tournage. Il s’est toujours montré très prévenant.
Une fois la tension dissipée entre les deux hommes, et leurs relations au beau fixe, Blanc et Depardieu ont pu se concentrer sur ce film passé à la postérité depuis. Et malgré leurs craintes, même la critique s’est montrée clémente :
Devant les rushes, on pleurait de rire, tout en ayant peur qu’à la sortie du film, les gens nous crachent à la gueule. Particulièrement le milieu homosexuel. Mais les homos ont compris qu’on ne se foutait pas d’eux. On a même eu un article dithyrambique dans Gai Pied, titré « Touche pas à la femme Blanc ». Puis on a été sélectionnés à Cannes, où j’ai reçu le prix d’interprétation. Avec « L’Exercice de l’Etat », ce film tient une place à part dans ma carrière.
La carrure ne fait pas tout, et cette histoire en est la preuve : malgré leur différence de physique, Michel Blanc n’a pas reculé face à Gérard Depardieu, gagnant instantanément son respect. À la clé, un film culte qui a traversé les époques, et qui reste aujourd’hui majeur dans la carrière des deux hommes.