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Par Mathieu Seguin | Rédacteur sport
Une saison de plus, et pourtant un contexte totalement nouveau. À 40 ans passés, LeBron James continue d’évoluer sous les projecteurs, mais la lumière n’est plus exactement la même. Les chiffres interrogent, les rôles changent, et une nouvelle hiérarchie s’installe doucement à Los Angeles. Derrière cette transition, une question persiste : jusqu’où LeBron est-il prêt à s’effacer pour gagner ?
Le début de la saison 2025-2026 a nourri deux lectures opposées autour de LeBron James. Certains y voient les premiers signes d’un déclin inévitable, appuyés par une moyenne de points historiquement basse dans sa carrière. D’autres, au contraire, estiment que ces statistiques racontent une toute autre histoire : celle d’un joueur qui a volontairement changé sa manière d’influencer les matchs, en mettant le collectif au centre de ses priorités.
Dans cette nouvelle configuration, LeBron n’est plus systématiquement le moteur offensif principal. Il tire moins, porte moins la balle et accepte des séquences entières sans être au cœur du jeu. Ce recul apparent n’est pas subi, mais assumé. Il permet notamment à Luka Dončić et Austin Reaves de s’exprimer davantage, tout en allégeant la charge physique d’un joueur engagé dans sa 23e saison NBA.
Un leadership qui passe désormais par le renoncement
Les statistiques brutes confirment ce glissement : moins de tirs tentés, moins de points, mais une efficacité toujours présente dans les moments décisifs. Que ce soit par des passes clés, des lancers francs cruciaux ou des interventions défensives ciblées, LeBron choisit ses batailles. Cette gestion traduit une lecture très lucide de ses capacités actuelles et des besoins réels de l’équipe dans la durée.
C’est précisément cette évolution qui a marqué James Worthy, légende de la franchise californienne. Pour lui, la force de LeBron réside aujourd’hui dans sa capacité à s’effacer sans disparaître. Comme il l’a expliqué, « ce que j’apprécie le plus, c’est le rôle qu’il commence à adopter pour cette équipe, en comprenant que c’est désormais l’équipe de Luka. Sa capacité à jouer sans ballon et à intervenir quand le moment l’exige montre qu’il sait que son corps n’est plus le même ». Une analyse qui met en avant l’intelligence situationnelle du joueur plutôt que son rendement brut.
Ce sacrifice d’ego ne signifie pas une perte d’importance. Au contraire, il renforce la crédibilité du projet collectif. En laissant les jeunes leaders prendre de l’assurance en saison régulière, LeBron prépare un terrain plus favorable pour les échéances de playoffs, où l’expérience et le sang-froid deviennent déterminants. Son influence se mesure désormais autant dans les attitudes que dans les actions.
Cette approche mesurée révèle aussi une stratégie à long terme. En préservant son corps et en réduisant son exposition, LeBron augmente ses chances d’être décisif lorsque les défenses se resserreront et que la pression montera. Dans ces moments-là, son vécu et sa lecture du jeu peuvent faire basculer une série, même sans performances statistiques spectaculaires.
