LFB – Interview : Irène Ottenhof et Philippe Legname nous parle des nouvelles réformes

Il y a quelques mois, la Ligue Féminine de Basket a annoncé des réformes pour la saison à venir… Après coup, Parlons-basket s’est permis de contacter Philippe Legname, le président de la Ligue Féminine, et Irène Ottenhof (directrice) afin de faire un point et d’analyser la situation… Retour sur cette interview.

Parlons-Basket : Pourquoi avoir fait le choix de passer à trois arbitres ?

Philippe Legname : D’abord pour un problème technique. Ça fait déjà quatre ans qu’on le fait pour les Playoffs donc ça améliore la qualité de l’arbitrage. Maintenant, les filles au niveau de l’intensité c’est devenu très important sur le terrain. Donc un troisième arbitre qui permet de nettoyer un peu le jeu est important ! On a réussi à faire passer à trois arbitres et c’est trois arbitres comme en Pro A, comme en Pro B. C’est à dire que tout le haut niveau a maintenant trois arbitres.

Irène Ottenhof : C’est également le cas sur le niveau européen, comme en EuroLeague. On sera la première nation à avoir sur la première division féminine trois arbitres comme sur le meilleur niveau européen, comme en EuroLeague. On peut dire qu’on est les précurseurs sur ce point là.

PL : Après il y en a qui s’inquiètent de savoir si le niveau de l’arbitrage va suivre parce que il va y avoir plus d’arbitres à haut niveau… On peut les rassurer en disant que les arbitres de Pro A vont doubler. C’est à dire qu’ils vont arbitrer à la fois un match de Pro A et après ils iront en Ligue Féminine dans le week-end. Donc il y aura toujours un arbitre de Pro A en Ligue Féminine accompagné de deux arbitres. Il n’y aura donc pas une montée énorme d’arbitres pour augmenter le nombre global d’arbitres en Pro A, Pro B et Ligue Féminine.

Parlons-Basket : Vous avez souhaité à la ligue de faire des tournois Pré-Open, est-ce une volonté d’amener du basket féminin de haut niveau dans les villes qui n’ont pas la possibilité d’en accueillir le reste de l’année ?

PL : Déjà, ce qu’il faut savoir c’est que ces tournois sont des tournois obligatoires. Les douze équipes de la Ligue Féminine doivent y participer. Ensuite cela permet d’avoir des manifestations une semaine avant l’Open, comme une sorte de répétition sur trois sites différents. Et justement, pour développer le basket féminin où il n’y en a pas. On a eu par exemple cette année une demande de la ligue du Nord de le faire à Villeneuve d’Ascq. On a refusé car il ne faut pas qu’il y est un club de Ligue Féminine où se déroulera ces mini tournois pré-Open.

IO : En plus, ce qui se passe, c’est que ces tournois en amont de saison ont lieux déjà depuis de nombreuses saisons… Et un peu aussi sur la rançon de la gloire, il y en avait beaucoup qui fleurissaient, il y avait donc parfois des disparités en termes de qualité, du niveau d’accueil. Les équipes de Ligue Féminine étaient souvent sollicitées et on a voulu structurer ça, créer des rendez-vous. C’est pour ça que l’engagement se fait sur trois ans. C’est à dire que les trois sites ont été désignés sur un cahier des charges de manière pluriannuelle et ça permet, dans notre volonté politique, de professionnaliser la Ligue Féminine et d’exister avant l’Open.

PL : Et il y aura une aide financière de la Ligue Féminine pour aider les clubs dans leurs déplacements.

Parlons-Basket : Parlons maintenant de la nouvelle formule de l’Open… À l’annonce, il y a eu de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, des bonnes et des moins bonnes… Pourquoi avoir fait ce choix d’organiser ça le vendredi soir et le samedi ? Cela n’est pas un peu risqué de privilégier le public francilien par rapport aux autres ?

PL : Il faut savoir que les clubs se posaient la question de savoir si il fallait garder cet événement sur Paris ou non. Et à cette question, on a répondu que oui, il fallait le garder sur Paris. D’où la création des pré-Opens en province… Cela fait que l’on a maintenant deux manifestations ; une en province, et l’autre sur Paris. Concernant l’Open le vendredi et le samedi, il y avait des clubs qui nous avaient demandé si nous ne pouvions pas changer la formule de l’Open… Faire un essai. Irène a développé cette idée, le faire le vendredi peut-être un plus par rapport au public francilien et aux matchs qui ont lieu dans la région parisienne.

IO : Déjà j’aimerai revenir sur les réactions. J’ai entendu il y a peu dans une réunion à la fédération que c’était effectivement assez français de critiquer. Que quand tout allait bien on ne disait rien, et que c’était finalement normal. Mais dans l’autre sens… (Rires). En même temps, les réseaux sociaux sont fait pour ça. On donne la parole aux gens, et ça permet toujours d’avoir un éclairage.
Maintenant une fois que cela a été dit, effectivement, comme l’a dit le président, il faut souligner que les clubs de Ligue Féminine, qui sont là depuis des années et des années, ressentaient eux-mêmes en interne une frustration, une forme d’essoufflement dans la structuration de l’Open. Ça fait une dizaine d’année que ça existe sous le même format. Je pense qu’à un moment, il est important de ne pas attendre un essoufflement complet, une lassitude et de voir la salle se vider. Il y avait une réflexion à avoir, et elle a été menée de manière consensuelle, elle a été réfléchie. Elle est partie d’un constat de départ qui est chiffré, qui est visuel, c’est de dire : le dimanche, depuis plusieurs années on a de plus en plus de difficultés à remplir Coubertin (et la Halle Carpentier l’an dernier)… Il ne faut pas se leurrer, la réussite d’un événement sportif c’est effectivement la billetterie (c’est le nerf de la guerre, l’aspect financier), mais c’est aussi l’engouement populaire et donc le remplissage de la salle. Partant de ce constat on a réfléchi pendant le séminaire de la ligue féminine au mois de décembre dernier avec la fédération et tous les clubs de LFB à la possibilité d’un nouveau format. On a travaillé et on a fait cette proposition sur le vendredi et le samedi parce que ça permettait d’éviter cette difficulté du dimanche, où les gens, même en province où les clubs nous le disaient, venaient moins facilement voir des manifestations sportives. Ça permettait de donner un second souffle. On répond à une demande du public qui est de venir voir un ou deux matchs… Ça permettait de résoudre pas mal de problèmes en termes de billetterie, en termes de réponse à une offre spécifique par rapport au grand public. Il a fallu faire un choix, mais je pense que l’événement étant parisien, la priorité a été de se dire : à Paris, ça vit le vendredi soir et ça vit le samedi. Je tiens à rajouter qu’on a un travail très très fort avec les territoires franciliens, qu’il s’agisse de la ligue régionale et les comités des départementaux de la petite couronne qui s’apprêtent à jouer énormément le jeu. Il ne faut pas se leurrer, les petits basketteurs et les petites basketteuses de Paris ne voient pas de basket féminin de haut niveau. L’idée c’est de pouvoir geler les rencontres une journée. C’est plus facile pour un comité départemental et une ligue régionale de geler les rencontres de basket sur un samedi que sur le samedi et le dimanche. On avait beaucoup de petits basketteurs et les petites basketteuses Parisiens qui ne pouvaient venir parce qu’ils jouaient… On verra donc le résultat (Rires).

PB : Cette année, vous avez mis en place une nouvelle formule… Avec les Playoffs et les Playdowns… Quel est votre premier retour par rapport à tout ça ? 

PL : Alors d’abord pourquoi avons nous fait les Playoffs et les Playdowns ? On a voulu uniformiser tout le haut niveau, de la Pro A, de la Pro B, de la NM1, de la Ligue Féminine et de la Ligue Féminine 2. Tout le monde est sur le même format avec le systèmes de Playoffs en fin de saison. Et pourquoi en Ligue Féminine avons-nous fait les Playdowns ? Parce qu’il y avait une demande des clubs, on est passé de 14 à 12, il fallait rajouter des matchs mais des matchs qui soient intéressants, qui aient un véritable intérêt. Le Challenge Round avait été beaucoup décrié, parce qu’en dehors il donnait des places pour l’EuroCup, cela n’intéressait pas grand monde. L’avantage avec les PlayDowns cette année c’est que les salles ont fait le plein, il fallait éviter la dernière place. Et sur les Playoffs, par exemple on s’aperçoit que Montpellier qui était leader du championnat, champion de France en titre a eu du mal à éliminer le Hainaut (1 point en prolongation au match aller, 2 points au match retour. Bon après sur la belle, ils ont fait le nécessaire (Rires). Ça veut donc dire que tout ça est intéressant. Nous, on est content de cette nouvelle formule. Ça c’était fait également au cours de réunions avec les présidents des clubs de Ligue Féminine et ça a été une volonté de tous. Il y a eu un vrai consensus et tout le monde a accepté ça.

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