Lettre ouverte à… Paul George, de la part d’un fan des Pacers

Le 30 juillet 2017, Paul George souhaitait quitter les Pacers, après 7 saisons dans l’Indiana. Touché et ému, l’un de nos rédacteurs lui adressait quelques mots. 

Paul, 

Pour commencer, jamais je n’aurais souhaité écrire ça pour de nombreuses raisons. Mais m’y voilà obligé. Tu as informé la franchise, TA franchise, les Pacers, que tu voulais partir en 2018, probablement pour les Lakers. Jusqu’ici, rien de surprenant. Tu es fan de Kobe, alors jouer pour les Lakers était un rêve. Tu te sens même peut-être comme son successeur. Si ce n’était pas écrit, c’était tristement prévisible. Après tout, tu viens de Los Angeles, même si tu supportais les Clippers. Tu seras plus que jamais une superstar là-bas, même si tu vas probablement gâcher ton prime avec des jeunes pas suffisamment taillés pour aller au bout. Encore une fois on ne voulait pas y croire mais c’était sûrement acté depuis cette saison. Cependant, pour toi qui n’a pas cessé de rappeler ton envie de gagner, rejoindre les Lakers et la conférence Ouest, la division des Warriors, pour cette bague, est-ce bien logique ? Non, l’excuse est trop belle, ce n’est sûrement pas pour gagner que tu pars. Si tu penses ça c’est que Monta Ellis devait bien faire tourner sa drogue dans les vestiaires.

Quoiqu’il en soit, depuis hier soir, nous voilà, fan des Pacers, perdus. Dans un mélange de mélancolie évidemment, mais aussi et surtout de haine assez profonde. On ignore si tu voulais prévenir la franchise discrètement, mais au final tout le monde est au courant. Et les répercussions sont terribles pour ta valeur marchande Paul – non, plus Paulo, plus PG13, plus Paul Gorgeous, juste Paul. Nous sommes dans une position de faiblesse : maintenant que tout le monde connait ton souhait, qui va prendre le risque de négocier un trade ? Il y aura peut-être du monde car tu es une superstar, notre superstar… Mais ta cote vient de baisser. Risquer un trade pour un an de tes services ? C’est risqué, beaucoup trop risqué. Et c’est précisément ça qui nous fait mal. Premièrement on va on va devoir se débarrasser de toi, et pire encore, sans trop pouvoir négocier. Qui aurait pu prédire ça il y a encore trois jours quand tu parlais à la presse locale lors d’un match de softball, réaffirmant tes envies d’apporter enfin un titre à Indiana ? Tu disais même avoir besoin d’aide. Mais si, tu sais, le match de softball que tu fais chaque été ? Tous les gamins ne viennent que pour toi, tu as même ramené Myles Turner et d’autres coéquipiers. Tu étais entouré de Danny Granger et Jermaine O’Neal, des légendes dans l’Indiana. Mais des légendes qui ont quitté l’Indiana, contrairement à Reggie Miller qui comme un symbole n’était pas là à tes côtés… Ah ce bon vieux Reggie, il aura tout donné pour les Pacers, en restant fidèle jusqu’au bout, geste si rare de nos jours. Pourtant on y croyait tous, tu avais une voie royale pour dépasser Reggie, oui oui, le dépasser, en devenant le plus grand joueur de l’histoire des Pacers. C’est même ce que tu souhaitais si on suit tes déclarations, il y à un an à peine, si près, si loin…

Les déclarations justement, on a appris à les prendre avec des pincettes depuis l’affaire Kevin Durant par exemple. Tu t’es rapproché de lui d’ailleurs, et tu es même son joueur préféré, comme quoi… Mais on pensait que tu étais différent, toi qui en août dernier portait ton propre maillot des Pacers en vacances. L’image était belle, trop belle…

Je comprends ta frustration après cette saison atroce, tu as limité la casse souvent tout seul, tu nous a même vendu du rêve en Playoffs, tu étais déchaîné, même si la marche LeBron James et surtout son équipe restait trop haute pour nous, tu as encore prouvé que tu étais le meilleur joueur de cette conférence derrière le cyborg, et notamment quand il faut l’être, en playoffs. J’imagine ta frustration, personne n’a su passer un cap pour t’aider, à part Jeff Teague par intermittence, c’est dire.

Cette dernière partie sera sans conteste la plus difficile à écrire. Parce que je vais revenir sur ton histoire, ta belle histoire aux Pacers, qui sera malheureusement entachée par cette décision. Tu te souviens de la draft 2010 ? Les Wizards qui sélectionnent ton pote John Wall en première position, et toi, n’arrivant qu’en dixième position, tu aurais pu partir pour les Clippers, les Warriors, les Wolves, qui ont tous fait une grande erreur. On ne sait pas ce qu’aurait pu donner l’histoire, on ne va pas la réécrire, mais il est évident quand on te voit maintenant, que t’avoir avec le dixième choix est un steal exceptionnel. A ce moment-là, tout l’Indiana, puis plus tard tout le pays a découvert ce jeune joueur, sa défense incroyable qui n’avait d’égal que son jump. On a appris a aimer tes moves, on sentait parfois le fan de Kobe, avec des tirs similaires. Que tu étais élégant balle à la main… Ta première campagne de playoffs sera flippante, quand on compare avec les premiers playoffs de Scottie Pippen, c’était du copier/coller. Tu as vite fait progresser ton shoot à mi-distance qui est devenu très fiable, tu seras même MIP en 2013. Et que dire de tes duels en playoffs avec Lebron James, déjà, et son armada du Heat ? On a rêvé, les séries furent disputées, nous étions les seuls véritables concurrents de Miami à l’Est ces années-là. Face à LeBron le vilain, presque tout le pays était derrière nous, et derrière sa jeune star qui n’avait pas froid aux yeux. Une star ? Mieux, tu as même gagné un statut de superstar pendant ces joutes, quel gamin incroyable, on parlait de toi comme d’un candidat MVP dans l’avenir proche. Les gens oublient trop ça, tu avais presque tout pour dominer la ligue, seul les fous me contrediront. Puis vient l’été 2014, le premier août très exactement. Tu t’en souviens n’est-ce pas? Durant (pas Kevin) un match d’exhibition avec Team USA tu te blesses affreusement, on parlait d’une possible fin de carrière. Tu ne pourrais pas retrouver ton niveau, c’était affreux. Mais tu t’es battu, et comme tout grand joueur tu as su modifier ton style de jeu, tu t’es même adapté à l’époque. Tu prenais plus de trois points, tu avais perdu de l’agressivité, c’est normal, tu avais peur de dunker. C’était triste à voir mais on était si fier de toi, tu étais revenu sans perdre de ton talent, tu étais même encore plus fort car plus mature. Tu te souviens de ton retour ? De toute la salle qui scande ton nom ? Après les départs de David West, Roy Hibbert, et même ton ami Lance Stephenson, tout le monde n’avait d’yeux que pour toi, tu étais l’âme de l’équipe, cette fois-ci le doute n’était plus permis. Tu n’étais plus PG24 mais PG13, mais pourtant l’amour que te portait tout l’Indiana était encore plus fort, et tu venais de gagner le respect de tous les joueurs de la ligue. Et que dire de l’an dernier en playoffs ? Tu étais à nouveau monstrueux, mais trop seul. Cependant tu es allé à Rio avec Team USA et tu l’as gagné cette merveilleuse médaille d’or, ton come-back était terminé, ton œuvre était parachevée, tout ça était derrière toi. Que c’était beau, te souviens-tu de l’accueil que t’ont réservé les fans à ton retour ? Tu étais leur héros, notre héros. On voit tellement de gamins porter tes maillots dans le stade, je n’ose même pas imaginer leur état aujourd’hui. Au final, sept saisons à Indiana Paul, seulement 7, mais pourtant tu fonçais pour détrôner Reggie Miller au panthéon de notre club. J’espère que tu ne vas pas renier tout ça, tes convocations au all-star game en tant que joueur des Pacers, ton histoire tragique, ton retour fantastique, ta médaille olympique… Même la couverture du dernier 2K en y repensant, c’est idiot mais l’image va être difficile à regarder à présent.

USAToday

La déception est immense Paul, quand les gens pensaient à Indiana, ils pensaient à toi, tu ETAIS Indiana. Maintenant il faut faire notre deuil, ça me brise le cœur et je suis loin d’être le seul mais il le faut. On t’as tous aimé Paul George, on t’as parfois même vénéré, tu te souviens de ton tir décisif sur la tête de Gordon Hayward, natif de l’Indiana ? Tu avais hurlé « This is my city », on y croyait, mais ce n’est plus ta ville. Tout ça appartient au passé maintenant, mais même si certains brûlent déjà tes maillots, d’autres ne comprennent pas, sont déçus comme moi, personne ne pourra oublier toutes ces années.

Car n’imagine pas pouvoir jouer sous nos couleurs la saison prochaine, tu viens de tirer un trait définitif dessus. Comment pourrait-on te supporter en sachant très bien que ton souhait est de partir à la fin de la saison ? Et le vestiaire dans tout ça ? Moralement ce n’est pas possible, tu nous demande le diable là. Non, c’est impossible, et tu le sais bien.

Ce n’était pas facile d’écrire jusqu’ici, c’est sûrement peu ordonné et je m’en excuse. Mais on va conclure, évidemment Paul George n’est pas le seul à blâmer, au fond il voulait peut-être vraiment apporter le titre à Indiana, avant de rejoindre les Lakers à la fin de sa carrière. Larry Bird, Nate McMillan, ̶B̶o̶o̶m̶e̶r̶ ̶l̶a̶ ̶m̶a̶s̶c̶o̶t̶t̶e̶. Les responsables sont nombreux Paul, eux non plus on ne va pas les oublier crois-moi. Au final, même si les dernières 24 heures furent difficiles, et même si on sent encore le coup de couteau, merci pour tout, tu valais mieux que notre effectif. D’après ce que je peux lire tu as donné envie de jouer au basket, voire même de supporter les Pacers à pas mal de monde, pour un petit marché, des joueurs comme ça, on en a que trop rarement, merci. Irrémédiablement on va perdre quelques fans, mais qu’importe. En attendant, on a beau faire les énervés, on est plus déçu qu’autre chose, la nuance est minime je te l’accorde, mais elle est là, et où que tu sois dans les prochaines années, on te souhaite de gagner cette foutue bague. Et quand tu reviendras à la Bankers Life Fieldhouse Arena, il ne faudra pas t’attendre à un bel accueil, ni forcément à un accueil hostile. J’ai du mal à l’imaginer mais, ce sera probablement un mélange de tout ça. Entre nostalgie, mélancolie, haine, déception… Mais on ne peut pas oublier le joueur qui a porté cette équipe à bout de bras, celui qui en fut l’âme durant des années. Il faudra un certain temps pour les plus déçus, et certes ta manière de nous quitter est moche, disons-le clairement, mais ce n’est pas une raison pour tout jeter.

Pourtant on ne pourra pas te supporter un an de plus. On dit que l’amour dure 3 ans, il a duré 7 ans, vu comme ça ce serait presque positif non ? Alors s’il te plaît, pars. Je ne sais même pas comment conclure, tout comme je ne voulais pas que ton histoire à Indiana ait une conclusion. J’aimerais encore te dire des choses j’en suis certain, mais c’est difficile d’avoir l’esprit clair quand on a le sentiment de vivre dans un cauchemar pendant des heures, ou comme un film d’horreur, estampillé PG-13… Allez pour la dernière fois, ciao, Paulo.

Marin, fan des Pacers

NBA 24/24

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