NBA – Conférence téléphonique avec Kobe Bryant ! [2/2]

À l’occasion d’une conférence téléphonique avec la légende Kobe Bryant, les journalistes présents ont pu lui poser des questions sur sa nouvelle émission « Detail » et sur l’actualité NBA. Nous étions présents, voici les meilleurs moments :

Les titres ont toujours été utilisés pour juger un joueur, mais là on ne juge presque que par ça. Est ce que vous pensez que c’est excessif ou alors c’est approprié de se concentrer que là-dessus ?

Il y a des joueurs qui ont été phénoménaux, qui ont eu des incroyables carrières mais qui n’ont pas gagné de titre… Mais le but ultime de ce sport est de gagner des titres. Au basket c’est différent des autres sports collectifs où un seul individu peut faire des grosses actions, des gros stops et mener son équipe à la victoire. Au basket tu ne peux pas le faire tout seul, il faut des bons coéquipiers. Magic, Kareem Abdul Jabar et James Worthy, Scottie Pippen, Shaquille O’Neal ou Pau Gasol par exemple. Je pense qu’individuellement il y a des grands joueurs qui n’ont pas eu le soutien nécessaire pour gagner des titres mais en soit je ne pense pas que ce soit injuste de mettre autant de pression sur l’importance de gagner un titre car c’est l’objectif…

Comment vous voyez les playoffs se dérouler ? Qui vous voyez gagner ?

J’essaye de rester loin du business de la voyance… Mais j’essaye de me baser la course aux playoffs et ce que je vois du point de vue de l’exécution. Et tout dépend de la santé des Warriors. Houston est dans une position idéale avec leur versatilité, leur vitesse et leur agressivité. Cleveland aussi avec LeBron, les shooteurs autours de lui et les jeunes qu’ils ont intégré, ça va être une équipe dangereuse. Je suis curieux de voir ce que Toronto va faire. La blessure de Kyrie va changer beaucoup de choses à l’Est. J’aime Houston et Golden State, ce sont mes deux favoris.

Vous avez évoqué la blessure de Kyrie Irving. Que pensez vous de ces joueurs du calibre de Kyrie, qui sont d’accord pour choisir l’opération ou encore Kawhi Leonard, ce genre de joueurs qui choisissent leur santé plutôt que de jouer un peu blessés ?

Moi j’essayais de toujours avoir un second avis médical. Quand on parle de ton corps, c’est important d’avoir une deuxième opinion. Comme ça tu peux prendre ta décision et pas être dans le flou et suivre la décision d’un docteur de façon aveugle. Et ensuite, si la blessure peut compromettre ton futur et ta santé, tu joues pas avec.

On dit souvent que Cleveland attend les Playoffs pour s’activer. D’après votre expérience, comment on se prépare pour ça et à quel point c’est difficile d’atteindre un nouveau niveau quand les playoffs démarrent ?

Le truc quand on dit s’activer, c’est juste un autre mot pour dire qu’on se concentre sur 1 équipe pour pouvoir vraiment l’attaquer à fond. Tu joues toujours aussi dur, mais les playoffs c’est jouer une équipe, étudier tous les matchs de saison régulière contre eux pour être prêt. C’est ça « s’activer ». Cleveland semble commencer à exécuter un style plus « démocratique » d’attaque à la Golden State. LeBron devient un peu le Draymond Green des Cavaliers et ils sont directement plus dangereux.

Les tensions entre joueurs et arbitres n’ont jamais été aussi fortes, si vous étiez le « dictateur » de la NBA, quelles règles changeriez vous ?

J’autoriserais le jeu à être plus physique. Le basketball européen est plus physique que la NBA. La NBA a besoin d’être plus physique. Pas au point de l’époque des Pistons où les gens étaient littéralement en danger lorsqu’ils étaient en l’air, mais finies les fautes sur des petits contacts avec le corps ou avec la main. Ça rend le jeu ridicule. Ça ressemble à la NCAA. Je ne peux même pas regarder certains matchs en NCAA parce que à peine tu touches quelqu’un avec le pouce c’est une faute. On apprécierait plus le jeu si c’était un peu plus physique. Si les joueurs étaient en « Mano a Mano » plutôt que d’être : « Il m’a touché c’est une faute ! »

Au niveau des arbitres on prend le problème de la mauvaise manière. Les joueurs ont des soucis avec l’arbitrage, mais plutôt que de regarder les arbitres et les accabler, on doit regarder la transition entre deux générations d’arbitres. Il y a des arbitres plus jeunes qui arrivent… C’est comme tout. Certains veulent prêter attention aux moindres détails, d’autres non. Les choses doivent être mauvaises pour s’améliorer.

Vu comment le jeu a évolué lors des 20 dernières années, quel est votre avis sur le spacing et la capacité à écarter le jeu ? Comment votre ami Dirk Nowitzki a impacté ce sport notamment au niveau de la perception du poste d’ailier fort et de l’attaque en général?

Dirk a fait l’inverse… Quand il est entré dans la ligue il prenait beaucoup de 3 points. Quand ils ont gagné le titre, il prenait peut être moitié moins de 3 points. Mais l’idée d’avoir un grand qui peut écarter le jeu et être l’un des meilleurs shooteurs dans la ligue c’était révolutionnaire. Et je suis sûr qu’il a inspiré beaucoup de joueurs. Avec sa mobilité, sa capacité a dribbler, Dirk a emmené les choses à un nouveau niveau. Mais quand ils ont été champions, le problème qu’on a eu et que Miami a eu pendant les Finales, ce n’était pas son pick and pop, mais sa capacité à jouer à 5 mètres du panier.

Qu’est ce que vous pensez de Jayson Tatum ?

Son jeu est très complet. Il peut tirer à mi distance, jouer au poste, il peut finir prêt du panier, il peut dribbler, il sait tirer de loin. Il reste quelques petites choses à développer pour quand les défenses vont commencer à mettre en place des prises à deux, mais j’aime ce que je vois, spécialement en défense. De plus en plus de jeunes maintenant veulent juste faire les trucs « mignons ». Et lui s’en fout de faire le sale boulot. Jaylen Brown est pareil d’ailleurs !

Que pensez vous de Ben Simmons ?

Ben joue avec un très bon tempo. Le temps qu’il a eu pour regarder le jeu NBA l’a aidé à ralentir le jeu. Il a pu vraiment observer et maintenant qu’il joue, le jeu va au ralenti pour lui. Sa taille est un avantage, sa vitesse aussi et il sait comment l’utiliser. Il connait ses forces et ses faiblesses. Mais à un moment il va devoir savoir tirer. Au début Jason Kidd n’était pas un bon shooteur mais il travaillé jusqu’à devenir un des meilleurs de la ligue. Ce sera son axe de progression. Mais même sans ça il est capable de dominer et amener la ville de Philadelphie à un endroit où elle n’a pas été depuis longtemps.

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